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LES ALLERGIES, Partie 4 : Le rhume des foins et l’asthme

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Le rhume des foins et la sinusite allergique

Le rhume desallergies4-1 foins est la maladie allergique la plus fréquente, elle toucherait environ 500 millions de personnes dans le monde. Les symptômes comprennent le nez qui coule, ainsi que des éternuements. Ces symptômes peuvent gêner la qualité de sommeil favorisant un état de fatigue et d’irritabilité. La rhinite allergique augmente la susceptibilité d’avoir de l’asthme, un épisode grippal ou une sinusite. Le traitement habituel du rhume des foins comprend des antihistaminiques et des sprays de cortisones et éventuellement des inhibiteurs des leucotriènes. Il y a un lien entre le rhume des foins et la grippe en raison de leur interaction avec le rhinovirus. Les rhinovirus augmentent les niveaux de ICAM-1 (médiateur inflammatoire sur la muqueuse nasale) ce qui aggrave l’allergie (1). Le zinc est un micronutriment qui peut s’attacher à ce récepteur (ICAM-1) et réduire ainsi le lien avec le rhinovirus (2). Le maintien d’un dosage optimal du zinc est important pour augmenter les défenses antivirales. Le rhume des foins prédispose à développer une sinusite allergique. La combinaison d’une rhinosinusite touche environ 12 % de la population américaine(3).

Deux types majeurs de rhinite allergique :

La rhinite saisonnière, habituellement déclenchée par des pollens ou des spores. La sévérité des symptômes dépend de la quantité de pollen dans l’air.

La rhinite chronique est souvent entretenue par des déclencheurs avec lesquels on est exposé continuellement comme des aliments, des poussières, des animaux familiers ainsi que des réactions allergiques à des bactéries ou des mycoses poussant dans le nez ou les sinus. La pollution de l’air aggrave ce type d’allergie. Le rôle des aliments dans l’allergie nasale est probablement sous-estimé. Dans les rhinites chroniques, l’aliment peut être le trigger. Certains spécialistes constatent que des patients qui sont très sensibles aux moisissures ou aux acariens dans leur environnement le sont aussi alimentairement d’où l’intérêt de réduire les aliments contenant des moisissures ou des levures alimentaires.

Pollens et réactions croisées avec des aliments

Les personnes allergiques au pollen peuvent expérimenter des symptômes allergiques lorsqu’elles mangent des aliments contenant des protéines similaires à celles du pollen. Cette réactivité croisée a été largement étudiée avec les pollens. Dans l’ensemble, la plupart des individus souffrant de rhume des foins ont une réactivité croisée à deux aliments ou plus et environ 10% ont également des symptômes intestinaux.

Par exemple, l’allergie en fin d’été (mi-août à octobre) est souvent due à l’ambroisie. Les gens allergiques à l’ambroisie sont particulièrement sensibles au melon et à la banane. Les symptômes peuvent s’aggraver à la consommation de ces aliments surtout pendant la période allergique.

allergies4-2Pollen de l’ambroisie : réactivité croisée avec la banane, le melon, le concombre et le céleri.

Pollen de bouleau : au début du printemps : réaction croisée avec pomme, céleri, carotte, poire, tomate, noisette, cerise. Les allergènes alimentaires liés aux pollens sont souvent détruits à la cuisson (exception le céleri et les noisettes). Dans une étude allemande, 70 % des personnes allergiques au pollen de bouleau devenaient symptomatiques lorsqu’elles consommaient des aliments aux réactions croisées (4).

Pollen de graminées : réaction croisée avec le blé, l’orge, l’avoine, le seigle, la pomme, les carottes, le céleri.

Pollen d’armoise : réaction croisée avec l’aneth, la carotte, carvi, céleri, coriandre, fenouil, persil.

Relation entre la sinusite chronique et le staphylocoque doré

Il existe une nette corrélation entre les allergies alimentaires et les polypes nasaux. Une étude a constaté des allergies alimentaires dans 70 % des gens présentant des polypes nasaux (5), peut-être de façon plus marquée avec les produits laitiers (6). Ce phénomène pourrait être dû au développement de staphylocoque dans le nez et les sinus. Le staphylocoque produit des superantigènes qui sont ingérés en avalant le mucus par la gorge puis migrent vers l’intestin où ils peuvent induire des réactions allergiques avec des aliments que l’on mange. Les toxines du staphylocoque stimulent des réactions inflammatoires et inhibent les cell T-rég (7). Des recherches sur le plan nutritionnel ont montré que l’apport de flavonoïdes est capable d’inactiver les toxines des staphylocoques (8).

allergies4-3Relation entre les allergies aux moisissures et les levures dans l’alimentation

Les levures sont des additifs alimentaires fréquents pour préserver les aliments et induire une fermentation ou augmenter le goût. Elles se trouvent naturellement dans la bière et le vin. Les moisissures se développent dans les aliments fermentés, âgés ou altérés. Des recherches ont montré que les gens allergiques aux moisissures dans l’environnement réagissaient également à l’ingestion de levures (9). Dès lors, on peut conseiller aux gens qui réagissent aux moisissures dans l’environnement de réduire les apports d’aliments avec levures alimentaires. Il faut penser à des aliments tels que pain, bière, vin ou autres aliments fermentés, vinaigre, fruits secs, jus de fruit commerciaux, fromage vieilli, sauce tomate commerciale, thé noir, des extraits de levure rajoutés dans les soupes, champignons, aliments fumés autant viande que poisson, et melons.

Approche thérapeutique de la rhino-conjonctivite allergique

  1. Diminuer chez soi les expositions aux produits chimiques, moisissures, acariens ou poils d’animaux allergisants (voir Partie 2)
  2. Eviter en cas d’allergie aux pollens les aliments aux réactions croisés et éventuellement les consommer avant cette période pour améliorer l’immunité orale. De plus, dans la saison des pollens, éviter de sortir les jours de grand vent et laisser les fenêtres fermées, porter des lunettes à l’extérieur, se laver les cheveux fréquemment de préférence le soir.
  3. Corriger les déficits nutritionnels qui impactent sur l’immunité, particulièrement corriger la carence en vitamine D et en zinc
  4. Augmenter son niveau de glutathion, le plus puissant détoxifiant cellulaire et antioxydant. La N-Acetylcystéine(10) est un acide aminé qui augmente le taux de glutathion et en même temps fluidifie les sécrétions visqueuses (3x 600mg par jour), éventuellement ajouter la broméaline(11) (500mg à 1gr/J) qui est un enzyme extrait de l’ananas aux effets anti-inflammatoires et réduisant la congestion du nez et des sinus.
  5. Donner des Beaucoup de probiotiques contiennent des souches de la famille des Lactobacillus et des Bifidobacteries, plus ou moins combinées. Quelques espèces ont montré une aide dans les allergies nasales en calmant les symptômes et en améliorant la balance immunitaire. L’espèce qui a montré l’effet le plus documenté est le Lactobacillus paracasei (14,15). Une des meilleures combinaisons comprend le bifidobacterium lactis (12), le lactobacillus acidophilus (13) et le lactobacille paracasei. Une étude donnant une souche de lactobacillus paracasei pendant 4 semaines dans un produit laitier fermenté a montré une nette diminution des allergies aux pollens d’herbe (16).
  6. Il existe également d’autres alternatives naturelles comme la quercétine qui est un polyphénol aux propriétés antihistaminiques pouvant être données à la dose de 25mg/kg (1gr chez un adulte) pendant au moins 5 jours (17). La spiruline, 1 cuillère à café par jour, améliore également les symptômes de la rhinite allergique par un effet de type antihistaminique (18). Dans la phytothérapie, il faut souligner l’intérêt pour la Pétasite (extrait 50 mg 2x par jour) dont les études ont démontré une réduction des symptômes associés à la rhinite allergique. D’ailleurs, l’entreprise suisse Zeller a lancé le Tesalin, un extrait de pétasite vendu sous ordonnance. La pétasite possède des vertus anti-inflammatoires et anti-allergiques

L’ASTHME

allergie4-4Introduction

Plus de 300 millions de personnes souffrent d’asthme dans le monde et plus de 25 millions de personnes souffrent d’asthme aux USA et sa fréquence est en constante augmentation. Il y a environ 2 millions de consultations d’urgence en raison d’une crise d’asthme aux USA et environ 4 500 décès par années. L’asthme est une maladie complexe. Lors d’une crise, la personne a le souffle court, de la peine à respirer avec des sifflements à l’expiration. Physiologiquement, il y a une sécrétion excessive de mucus bronchique avec inflammation ainsi qu’une constriction des muscles autour des petites bronches. Ces deux événements produisent un rétrécissement réversible des voies respiratoires. Nous avons vu que de nombreux facteurs de l’environnement jouent un rôle aggravant sur l’asthme tels que le tabac, la pollution de l’air et certains produits chimiques. D’autre part, il existe de nombreux stimuli de l’environnement tels que les acariens, les moisissures, les pollens, les poils d’animaux familiers. De plus, une allergie alimentaire peut jouer un rôle critique en aggravant les réactions asthmatiformes. Une personne souffrant d’asthme doit éviter tous les aliments pour lesquelles elle est allergique.

Prise en charge de l’asthme

Le traitement conventionnel comprend des corticoïdes pour contrôler l’inflammation et des bronchodilatateurs pour éviter le rétrécissement des voies aériennes.

Nous allons dans ce chapitre évoquer des approches complémentaires aux traitements classiques, documentées scientifiquement afin de mieux contrôler cette maladie.

  1. Diminuer chez soi les expositions aux produits chimiques, moisissures, ou poils d’animaux allergisants et faire attention à la pollution (par exemple : particules fines des moteurs diesel) (voir Partie 2)
  2. Eviter les aliments qui provoquent des réactions d’asthme. Quelquefois, il est difficile de mettre en évidence les aliments allergisants. Il existe des tests sanguins pour les allergies de type 1 (IgE), de type 3(IgG) ou de type 4 (mélisa). La fiabilité des tests d’allergie de type 3 et 4 reste encore controversée. Il est possible de faire des protocoles d’exclusion et réintroduction qui seront discutés dans un prochain article.
  3. Manger des fruits et végétaux riches en antioxydant (19)
  4. Manger la bonne graisse des noix, graines et poissons gras riches en oméga 3
  5. Corriger les déficits nutritionnels qui impactent sur l’immunité, particulièrement corriger la carence en vitamine D(25) et en zinc et en oméga 3.
  6. Augmenter son niveau de glutathion, le plus puissant détoxifiant cellulaire et antioxydant. La N-Acetylcystéine est un acide aminé qui augmente le taux de glutathion et en même temps fluidifie les sécrétions visqueuses (3x 600mg par jour). Par exemple, dans l’asthme, cet antioxydant diminue chez l’asthmatique l’hyperréactivité bronchique à la pollution (particules fines du diesel) (24).
  7. Donner des Plusieurs études sur modèle animal ont montré une efficacité dans le traitement et la prévention de l’asthme (20,21). Toutefois, l’ensemble des études chez l’homme ne semble pas montrer d’effet important des probiotiques sur la prévention ou le traitement de l’asthme (22). Malgré cela, les probiotiques aident à restaurer le microbiote intestinal ainsi qu’à maintenir une perméabilité normale de la muqueuse, ce qui améliore la fonction immunitaire de la barrière intestinale et réduit la production de cytokines inflammatoires qui ont tendance à aggraver l’inflammation dans l’allergie. Dès lors, la prescription de probiotiques reste justifiable, surtout lors de la présence conjointe d’une dysbiose intestinale (23).

Dr. A. D’oro

LES ALLERGIES toujours plus nombreuses, Partie 1 : Mise au point sur les coupables

LES ALLERGIES, Partie 2 : Contrôler les facteurs déclenchant et renforcer son immunité

LES ALLERGIES, Partie 3 : Intérêt de la micronutrition et de la prise en charge de l’intestin

Références

  1. Bianco A « Expression of intracellular adhesion molecule-1(ICAM_1) in nasal epithelial cells of atopic subjects :a mechanism for increased rhinovirus infection » Clin Exp Immunol, 2000 Aug :121(2) :339-45
  2. Hulisz d. « Efficacy of zinc against common cold viruses : an overview » J Am Pharm Assoc 2004 Sep-Oct ;44 :593-70
  3. Hamilos DL « Chronic rhinosinusitis :epidemiology and medical management » J Allergy Clin Immunol 2011 Oct ;44(5) :693-70
  4. Vieths S « Current understanding of cross-reactivity of food allergens and pollen » Ann NY Acad Sci 2002 May ;964 :47-68
  5. Collins MM « Nasalpolyposis :prevalence of positive food and ihnalant skin tests » Otolaryngol Head Neck Surgery 2006 Nov ;135 :680-3
  6. Lill C « Milk allergy is frequent in patients with chronic sinusitis and nasal polyposis » Am J Rhinol allergy 2011 Nov-Dec ;25(6).
  7. Tilahun AY ; « Systemic inflammatory response elicited by superantigen destabilizes T regulatory cells rendering them ineffective during toxic shock syndrome » J Immunol 2014 Sep 15 ;193 :2919-30
  8. Benedick E « Binding of flavonoids to staphylococal enterotoxin » Food Chem Toxicol 2014 Dec ;74 :1-8
  9. Luccioli S « Clinical reactivity to ingestion challenge with mixed mold extract be enhanced in subjects sensitized to molds » Allergy Astma Pro. 2009 Jul-Aug ;30 :433-42
  10. Guibas GV « N-acetylcysteine exerts therapeutic action in a rat model of allergic rhinitis » Int Forum Allergy Rhinol 2013 Jul ;3 :543-9
  11. Buttner L « Efficacy andtolerability of bromelain in patients with chronic rhinosinusitis-a pilot study » B-ENT 2013 ;9(3) :217-25
  12. Singh A « Immune-Modulatory effect of probiotic Bifidobacterium lactis NCC2818 in individuals suffering from seasonal allergic rhinitis to grass pollen : an exploratory randomized placebo controlled clinical trial » European Journal of Clinical Nutrition 2013 ;67(2) :161-167
  13. Ishida Y « Clinical effects of Lactobacillus acidophilus strain L-92 on perennial allergic rhinitis : a double-blind controlled study » Journal of Dairy Science 2005 ;88 :527-533
  14. Nembrini c « Oral administration of Lactobacillusparacasei NCC 2461 for the modulation of grass pollen allergicrhinitis: a randomized, placebo-controlledstudyduring the pollen season. Clin TranslAllergy. 2015 Dec 9;5:41
  15. Costa DJ « Efficacy and safety of the probiotic Lactobacillus paracasei LP-33 in allergicrhinitis : a double-blindrandomised, placebo-controlled trial » Eur J Clin Nutr 2014 May ;68(5) :602-7
  16. Giovannini M « A randomized prospective double blindcontrolled trial on effects of long termconsumption of fermentedmilkcontainingLacobacilluscasei in preschoolchildrenwithallergicasthma and rhinitis » PediatrRes. 2007 Aug ;62(2) :215-20
  17. Kashiwabara M « Suppression of neuropeptide production by quercetin in allergicrhinitis model rats » BMC ComplementAltern Med 2016 May 20 ;16(1) :132
  18. Cingi C « The effects of spirulina on allergicrhinitis » EurArchOtorinolaryngol 2008 Oct ;265 :1219-23
  19. Scott HA « Dietary interventions in asthma » CurrPharm Des 2014 ;20 :1003-10
  20. Felezko W « Probioticinduced suppression of allergicsensitizationaandairway inflammation isassociatedwith an increase of T regulatorydependantmechanisms in murine model of astma » Clin Expalergy 2007 ;37(3) :348-357
  21. WEu CT «  Effects of immunomodulatorysupplmentationwith lactobacillus rhamnosus on airway inflammation in a mouse asthma model » J MicrobiolImmunol Infect 2014 Nov 11
  22. West CE « Probiotics for treatment and primaryprevention of allergicdiseases and asthma :looking back and movingforward » Expert Rev Clin Immunol 2016 jun :625-39
  23. Miraglia Del Giudice M « Probiotics and allergicrespoiratorydiseases » J BiolRegulHomeost Agents 2015 Apr-Jun ;29 :80-3
  24. Carlsten C « Anti-oxydant N-acetylcysteinediminishes diesel exhaust-inducedincreasedairwayresponsiveness in personwithairway hyper-reactivity »ToxicolSci. 2014 jun ;139(2) :479-87
  25. Bener A « Vitamin D deficiency as a strongpredictor of asthma in children » Int ArchAllergyImmunol 2012 ;157 :168-175

 

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Martine Cagnot
Martine Cagnot
4 années il y a

Mon fils a de gros problèmes d’allergie notamment aux pollens et d’asthme avec sinusite depuis 2 ans. Il a été traité par Stallergènes pendant six ans pour les acariens et pendant 4 ans pour les allergies aux pollens. Une amélioration a été constatée pour les acariens, mais pas pour le rhume des foins. Dans les probiotiques que vous conseillez, vous citez la combinaison des souches bifidobacterium lactis (12), le lactobacillus acidophilus (13) et le lactobacille paracasei. Dans quel probiotique peut-on trouver cette association ? Je n’arrive pas à trouver.
Par ailleurs que pensez-vous du Lactobacillus salivarius LA302, conseillé par exemple par le laboratoire Pileje.

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