BlogsLa digestion et l'intestin

L’art de la diète dans le SIBO 2ème partie : les conseils précieux d’une nutritionniste

Introduction

Dans la 1ère partie de cet article, vous avez appris qu’il existe diverses diètes utiles pour prendre en charge un SIBO. Ces diètes ont une certaine base commune puisqu’elles restreignent toutes la plupart des hydrates de carbone.  La diète la plus médiatisée reste actuellement le régime pauvre en fodmaps toutefois cette diète a été mise au point pour le côlon irritable et a été peu étudiée spécifiquement dans le SIBO. Beaucoup de personnes pensent qu’une diète SIBO est facile à appliquer mais je rappellerai que ces diètes sont des guides utiles mais ne correspondent pas toujours aux besoins ou aux symptômes des personnes souffrant de troubles digestifs. Toutes les diètes connues pour le SIBO peuvent avoir des bons résultats sur les symptômes mais cela va dépendre aussi de l’état de santé de la personne et de sa tolérance individuelle, c’est pourquoi des conseils pratiques et une personnalisation de la diète sont essentiels. Une personne souffrant d’un SIBO peut réussir à appliquer une diète sans accompagnement en suivant des listes d’aliments autorisés ou déconseillés. Il existe toutefois de nombreuses difficultés dans une diète SIBO qu’il faut connaitre, premièrement le risque de rentrer dans des restrictions alimentaires de plus en plus importantes, de devoir gérer une perte de plaisir à manger ou un sentiment de privation, de développer des carences nutritionnelles ainsi qu’une perte de poids excessive chez quelqu’un déjà en sous poids. Je vais dans cet article traiter un certain nombre de points pratiques importants pour vous offrir plus de chances de réussir votre diète et de ne pas prendre de risque pour votre santé

L’importance de la taille des portions

Le danger d’une diète qui exclut de nombreux aliments, c’est que la plupart des gens vont avoir tendance à réduire leur diversité alimentaire et souvent par conséquent leur plaisir de manger. C’est pourquoi, pour maintenir la diversité alimentaire, la taille des portions alimentaires est importante. Les gens ont tendance à oublier que la tolérance des aliments fodmaps dépend souvent de la quantité, il ne faut pas penser « permis ou interdit » mais « quelle quantité ». On comprend dès lors que des petites quantités d’un aliment fodmap peuvent être tolérées alors que des plus grandes quantités non, par exemple 1/3 de banane est pauvre en fodmaps, ½ banane est modérée en fodmaps alors qu’une banane entière est riche en fodmaps. Cela veut dire que les gens ont le choix entre une portion plus grande avec moins de diversité ou des portions plus petites avec plus de variété. Si l’on sait que l’état de notre microbiote dépend de la diversité alimentaire, on choisira bien entendu la 2ème option.

Voici deux images de repas, l’un avec des grandes portions avec peu de diversité et l’autre comprend des portions plus petites et plus variées, quel plat vous semble plus variée et le plus appétissant ?

Le meal spacing

Nous avons vu dans les articles précédents sur le SIBO que nous avons besoin d’un temps suffisant pour éliminer les bactéries et les résidus fibreux non digérés de l’intestin grêle. Ce système de nettoyage provient d’un élément nerveux de notre intestin appelé complexe moteur migrant (CMM). Ce système de nettoyage se déclenche environ 2 heures après le repas et dure environ 2 heures. Cela veut dire que si l’on veut que notre intestin ait le temps de se nettoyer, il est préférable de respecter environ 4 à 5 heures sans manger entre les repas et la nuit 10 à 12h sans manger. Il faut être conscient que le moindre grignotage va ralentir notre complexe moteur migrant, par exemple un bonbon peut inhiber notre CMM pendant environ 40 minutes, même des sucres artificiels ont un impact négatif sur notre système de nettoyage intestinal.

Ce temps sans manger entre les repas s’appelle dans les pays anglo-saxons, space mealing.  Maintenant, il n’est pas toujours facile de respecter ces périodes de jeun entre les repas, surtout chez les personnes qui présentent des hypoglycémies ou qui vivent sous stress. Chez les personnes souffrant d’hypoglycémie, on peut mettre en place des concepts de chrononutrition qui permet de réduire les fluctuations de glycémies durant la journée, si cela n’est pas possible et que des encas sont nécessaires, on essaiera de respecter au moins un space mealing durant la journée ou tout au moins juste la nuit. D’autre part, chez les personnes stressées, la réduction du stress est vraiment nécessaire afin de réduire les compulsions alimentaires, on va dans ce cas proposer des techniques anti-stress comme la cohérence cardiaque ou développer la pleine conscience en mangeant.

Découvrir les féculents tolérés 

Nous avons vu dans la première partie que nos bactéries intestinales sont capables de fermenter pratiquement tous les glucides. Dans le régime pauvre en fodmaps, certains féculents sont autorisés mais malheureusement la tolérance aux féculents (même ceux autorisés) reste très individuelle. Certaines personnes vont tolérer les patates, d’autres le riz et d’autres aucuns des deux ou les deux. Il est toutefois important de découvrir quel féculent est toléré, cela est utile pour stabiliser le poids et également pour le plaisir de manger. Les sources les plus fréquentes de féculents possiblement tolérés dans le SIBO sont le riz blanc, les patates, le mais et quelques fois chez certains le pain blanc (si pas d’intolérance au gluten). A noter, qu’il faut éviter de manger des patates ou du riz qui ont été refroidi car ces féculents peuvent se transformer en amidons résistants et devenir ainsi fermentescibles.

Le miel est une source de fructose et de glucose qui est souvent mal tolérée dans le SIBO. Toutefois, on pourra essayer le miel de trèfle ou de framboise qui sont souvent tolérés par une majorité de personne, cela provient du ratio fructose sur glucose (50/50) qui le rend plus absorbable et moins fermentescible.

Gérer une perte de poids non voulue

Une perte de poids non voulue est fréquente chez les personnes minces qui souffrent d’un SIBO. Les raisons peuvent être multiples, par exemple la personne mange moins pour éviter de déclencher ces symptômes ou en raison de nausées. D’autre des diarrhées importantes ou une malabsorption d’origine bactérienne sont des causes fréquentes de perte de poids. Bien entendu, en premier lieu il faut traiter le SIBO par des plantes antimicrobiennes ou des antibiotiques adaptés pour réduire le nombre de bactéries néfastes.  Toutefois la diète SIBO doit être chez les personnes minces plus adaptée et peut nécessiter des stratégies pour maintenir le poids ou essayer d’en reprendre :

Manger plus et/ou plus souvent

Dans ce cas, on ne tiendra pas compte du space mealing car la priorité et de maintenir le poids. On peut manger de façon plus importante des aliments nourrissants et tolérés. Par exemple, on peut envisager un déjeuner plus copieux avec 2 à 3 œufs, du bacon et un morceau de fruit etc.

Trouver et manger les féculents tolérés

Nous avons vu l’importance de trouver et consommer les féculents tolérés. Nous avons déjà évoqué les féculents tels que le riz blanc, les patates etc. On peut également tester les autres céréales pauvres en fodmaps comme le millet, le quinoa ou un peu de légumineuses pauvres en fodmaps. Les produits laitiers sans lactose comme le fromage affiné (plus d’un mois) ou de la crème épaisse sans lactose peuvent être des sources de calories intéressantes.

Boire des boissons caloriques pendant ou entre les repas

On peut consommer un smoothie maison avec des ingrédients tolérés et nourrissants, par exemple à base de lait de coco ou avec de la purée d’oléagineux, du miel de trèfle, de la spiruline etc.

On peut également consommer entre les repas, un shake contenant de la diète élémentaire. Il s’agit d’une boisson médicale contenant des nutriments prédigérés et facilement absorbés en poudre ou en liquide contenant tous les macronutriments dans la forme la plus digérées : des acides aminés, des acides gras, des vitamines, minéraux et sels. Ces préparations sont adaptées même lors de SIBO sévère. Le Dr Ruscio commercialise une diète semi-élémentaire appelée « Elemental Heal » qui peut être commandée sans prescription médicale et représente un appoint calorique, adapté au SIBO, extrêmement intéressant.

Améliorer l’absorption et la digestion des aliments

Lors d’un SIBO, l’intestin est malmené, la prolifération bactérienne réduit l’absorption des micronutriments, détruit les enzymes intestinaux et même favorise une hyper perméabilité intestinale responsable de malabsorption.  C’est pourquoi il est nécessaire souvent de soutenir la digestion par la prise d’enzymes digestives, de plantes amères, éventuellement de bétaine HCL chez les personnes souffrant d’hypochlorhydrie. Il est également important de réparer l’intestin en prenant des produits pour réduire la perméabilité intestinale (glutamine, zinc carnosine, vitamines A,D etc.). Ces points ont été discutés dans les articles précédents sur le SIBO.

Personnaliser sa diète SIBO

Nous avons vu jusqu’à présent qu’il existe plusieurs variantes adaptées au SIBO, la diète la plus connu est le régime pauvre en fodmaps. Il ne s’agit pas toujours de la diète la plus efficace. Dans la première partie de cet article, on a évoqué la diète SIBO de la Dr Siebecker ou la diète bi-phasique de la Dr Jacobi, ces deux diètes tiennent compte des fodmaps mais également des autres féculents (polysaccharides) qui dans certains cas peuvent être mal tolérés.  Malgré cela, il existe une grande variabilité de la tolérance aux aliments d’une personne à l’autre, c’est pourquoi le plus important est d’arriver à personnaliser sa diète par rapport à sa tolérance personnelle, tout en sachant que cela peut changer dans l’évolution du SIBO. On peut commencer par une des diètes proposées, par exemple, le régime pauvre en fodmaps, si après une ou deux semaines, les symptômes persistent, on peut augmenter le niveau de restriction en passant vers une diète plus restrictive comme la diète SIBO ou bi-phasique. On peut également, surtout dans les formes sévères, débuter par une diète plus restrictive (diète SIBO ou bi-phasique) et dès que les symptômes se sont améliorés, on peut évoluer vers un régime pauvre en fodmaps qui permet une alimentation plus diversifiée.

Malgré la mise en place d’une diète SIBO, il peut arriver que nous ayons l’impression que certains aliments autorisés ne sont pas bien tolérés. Il est important d’observer ces réactions aux aliments en essayant de cibler les aliments que nous avons de la peine à tolérer et d’essayer de les enlever. En cas d’un doute, on peut réintroduire ces aliments avec des petites quantités pour minimiser les réactions alimentaires puis si l’aliment est toléré on peut essayer de doubler la dose jusqu’à atteindre une dose normale. Si l’aliment n’est pas toléré, il est préférable d’attendre d’être mieux guéri avant d’essayer de nouveau.

Comment éviter de rester trop longtemps dans une diète 

Beaucoup de personnes souffrant de SIBO finissent par limiter leur diversité alimentaire de façon prolongée. Il n’est pas rare de voir des gens qui suivent depuis plusieurs mois une diète pauvre en fodmaps et ne savent plus comment sortir de cette diète restrictive. Nous avons vu les dangers d’une diète restrictive tels qu’un appauvrissement du microbiote, des risques de carences alimentaires ou encore l’installation d’une phobie des aliments interdits. C’est pourquoi que dès qu’une personne a une diminution significative de ces symptômes digestifs pendant une période suffisante (un à 3 mois maximum), il est important qu’elle teste rapidement sa tolérance aux aliments qu’elle a exclu dans sa diète. Il existe plusieurs stratégies pour réintroduire les aliments écartés provisoirement. Dans la diète pauvre en fodmaps, il existe des protocoles de réintroduction, où chaque semaine un groupe d’aliments est testé selon un protocole précis. La personne peut également commencer avec des aliments familiers, il y a toujours quelques aliments qui sont vraiment important pour une personne. On peut également commencer avec des aliments qu’une personne a besoin pour sa santé par exemple certains féculents ou céréales pour regagner du poids.

Quelle que soit la stratégie de réintroduction, il est important de commencer avec des petites quantités pour minimiser les réactions aux aliments réintroduits puis d’augmenter progressivement jusqu’à atteindre une dose normale. Si l’aliment n’est pas toléré, il est préférable d’éviter cet aliment et de réessayer quelques temps plus tard quand éventuellement l’intestin sera guéri.

Evaluer le besoin d’une aide extérieure

Une personne souffrant d’un SIBO peut appliquer des protocoles ou des listes que l’on trouve sur internet par exemple dans le cas d’une diète pauvre en fodmaps ou une diète bi-phasique. Dans un certain nombre de cas, la diète associée ou non à un traitement antimicrobien permet d’améliorer la symptomatologie. Dans d’autres cas, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Cet article va vous aider à faire attention lors de la mise en pratique de votre diète SIBO et vous donner des clés pour mieux réussir.

Dans un certain nombre de cas plus difficile à gérer, il peut être utile d’être soutenu par une nutritionniste expérimentée. En effet, une nutritionniste expérimentée connait bien les différences entre les diètes SIBO, peut vous aider à mettre en application en proposant des recettes, des préparations ou encore des idées de snacks. Elle peut faire également une évaluation nutritionnelle de votre diète par rapport à vos besoins et soutenir la personne lors de la personnalisation de la diète ou dans les phases de réintroduction. Peut-être un autre point important est dans ce parcours solitaire contre le SIBO, d’avoir une personne de référence qui puisse vous soutenir et répondre à toutes vos questions.

Avec la contribution de Karine D’oro (www.karinedoro.com)

© 2020 – 2022, Dr. A. D’Oro. All rights reserved.

Abonnez-vous à notre newsletter et recevez 2 E-BOOKS gratuits : "Micronutrition et bilans nutritionnels" et "Le sommeil" !

La médecine nutritionnelle (ou micronutrition) est une approche complémentaire à la médecine classique basée sur des connaissances scientifiques reconnues. Les bilans utilisés sont multiples et variés et permettent d’explorer les différents terrains physiologiques du patient. 

Vous allez trouver ces informations indispensables !!

Ce champ est nécessaire.

Dr. A. D'Oro

Consultations en Micronutrition et Alimentation Santé , Site: www.plomed.ch , Email: secretairedoro@gmail.com, Tel: +41.22.301.63.38 , Prendre RDV en ligne

Dr. A. D'Oro has 114 posts and counting. See all posts by Dr. A. D'Oro

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

6 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Cécile H.
Cécile H.
4 années il y a

Bonjour,
Je me demandais s’il était possible de trouver en Europe (en France en particulier) des produits équivalents à Elemental Heal compatible avec un SIBO. Elemental Heal n’a l’air de se commander qu’au Canada. En vous remerciant

Arnaud
Arnaud
2 années il y a

Bonjour Docteur D’Oro,

Que pensez-vous des tests IgG alimentaires, sont-ils vraiment fiables?

Je vous remercie pour votre réponse.

Arnaud

Rodrigues
Rodrigues
1 année il y a

Bonjour est-ce que cette diète elemental heal est compatible en cas d’une SIBO avec plus une intolérance à l’histamine ? Car j’ai vue qu’il yavait de L glutamine.

6
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x