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La résistance à l’insuline, à l’origine de la plupart des maladies de civilisation

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Sucre et maladies
1. Sucre et maladies

Dans cet article nous allons parler de l’affection médicale qui est probablement la plus dévastatrice au monde et qui fait bien plus de victimes que le cancer. La plupart des gens qui en souffre ne le savent même pas, il s’agit de la résistance à l’insuline. Nous allons comprendre pourquoi elle est tant incomprise et surtout comment s’en protéger.

D’où vient le problème de la résistance à l’insuline

En premier lieu, il faut comprendre le rôle de l’insuline. Lorsque nous mangeons, les aliments sont décomposés en particules plus petites et une fois atteint le niveau moléculaire, elles sont absorbées dans le sang. Il faut de l’insuline pour que la molécule du glucose ou l’acide aminé entre dans la cellule. Lorsque le glucose rentre facilement dans la cellule, cela veut dire que la cellule est normalement sensible à l’insuline et qu’elle va utiliser ce glucose pour produire de l’énergie.

La résistance à l’insuline est donc quand les cellules du foie, des muscles ou de la graisse sont moins réactives à l’insuline (1). On sait pourtant que les cellules du corps recherchent toujours l’homéostasie et ont une intelligence propre, dès lors il doit y avoir une raison valable pour laquelle le corps réagis comme ça. Si nous ne comprenons pas pourquoi la cellule réagis comme ça, nous pourrions être amené à faire un choix inadéquat à vouloir forcer la cellule à faire rentrer le glucose avec certains médicaments.

En fait, la résistance à l’insuline est la conséquence d’une glycémie élevée due à des excès de sucre ou de féculents de façon prolongée sur des année, ce qui va entrainer des taux d’insuline souvent trop élevé. Il s’agit dès lors en partie d’une adaptation physiologique de la cellule qui essaye de trouver son équilibre et son homéostasie en freinant l’entrée d’un excès de glucose et pour cela elle a besoin de se désensibiliser à l’insuline.

Cette résistance à l’insuline va avoir comme conséquence une augmentation de la sécrétion d’insuline qui doit impérativement faire rentrer le glucose dans la cellule, car l’excès de sucre dans le sang est toxique pour nos tissus par un phénomène appelé glycation qui abime nos organes (2). L’insuline étant une hormone de stockage cela va de plus augmenter la lipogenèse et l’accumulation de gras dans nos organes. Le cercle vicieux est installé avec les conséquences catastrophiques pour notre santé.

La résistance à l’insuline à la source de nombreuses maladies

Un des mécanismes centraux de la majorité des maladies de civilisation est la résistance à l’insuline.   Pour comprendre cela, il faut prendre conscience de ce que la résistance à l’insuline va provoquer progressivement dans notre organisme. Voici une liste non exhaustive des conséquences de la résistance à l’insuline :

  • Elle entraine une stéatose hépatique en favorisant les dépôts de gras dans le foie (3)
  • Elle provoque une inflammation chronique (4)
  • Elle augmente le taux de sucre dans le sang
  • Elle réduit le bon cholestérol et augmente le mauvais (5)
  • Elle provoque l’accumulation de graisse viscérale et est responsable de la prise de poids (17)
  • Elle réduit nos fonctions immunitaires en altérant la fonction des macrophages (6)
  • Elle réduit les capacités d’autophagie du corps, mécanisme du corps permettant de recycler les composants vitaux et d’assurer que notre organisme fonctionne correctement (7)
Conséquences de la résistance à l'insuline
2. Conséquences de la résistance à l’insuline

Les conséquences de ces perturbations métaboliques vont permettre l’émergence des maladies de civilisation responsables de la majorité des décès au long court, à savoir ; les maladies cardio-vasculaires (8), les attaques cérébrales (9), les démences, l’insuffisance rénale et même le cancer en réduisant les capacités du corps à se défendre contre lui (10). En résumé la résistance à l’insuline est à la base de plus de 90% de toutes les maladies dégénératives. Alors il est difficile de comprendre pourquoi elle est plutôt banalisée par de nombreux médecins alors qu’il s’agit de la perturbation métabolique la plus dévastatrice que nous avons jamais connu sur la planète et qui va générer des coûts   financiers exorbitants, sans parler de la souffrance humaine.  

3 marqueurs clés pour évaluer et suivre sa résistance à l’insuline

Une explication de l’incapacité de la médecine à prévenir ces maladies et que la médecine reste figée sur la maladie au moment où elle se présente sans comprendre que les maladies s’inscrivent dans un long continuum de perturbations métaboliques qui commence souvent par une résistance à l’insuline. Il existe 3 marqueurs clés qui nous permettent d’apprécier cette évolution dans le temps, à savoir ; la glycémie, l’Hg A1c (11) et le test de HOMA. Ces trois marqueurs compris de façon intelligente, nous permettent d’évaluer le niveau d’importance de la résistance à l’insuline et du risque d’évoluer vers une maladie débilitante. L’hg A1c est la forme glyquée de la molécule de l’hémoglobine et sa valeur biologique permet de déterminer la concentration de glucose dans le sang sur trois mois.

Si nous prenons la glycémie et l’Hg glyquée, il est important de ne pas se baser sur la valeur de démarcation mais réfléchir sur un continuum partant de valeurs optimales, vers des valeurs moins optimales mais considérées comme dans la norme par la médecine, puis vers l’état de pré diabète et finalement de diabète. Il faut comprendre également que des valeurs légèrement perturbées considérées comme normales peuvent évoluer vers un diabète après 15 à 20 ans et que des valeurs indiquant un prédiabète évolue en moyenne en 5 ans vers un diabète. Nous pouvons imager cela par le tableau ci-dessous en sachant que la glycémie est plus volatile et que l’Hg A1c donne plus une image dans le temps, intégrant la glycémie des 3 derniers mois.

Glycémie à jeûne

Hg A1c

Valeurs optimales

5 à 5.5 mmol / 91-100 mg/l

4.8 à 5.1%

Perturbées mais considérées normales

5.7à 6 mmol /105-110 mg/l

5.3 à 5.6%

Prédiabète

6 à 7 mmol/l/110-130 mg/l

5.7 à 6.4%

Diabète

Plus de 7 mmol/l ou plus de 130 mg/l

Plus que 6.5%

 

Signification test de HOMA
4. Signification test de HOMA

Quant au test de HOMA, il nous donne une bonne image de la résistance à l’insuline en intégrant le niveau d’insuline et la glycémie. Ce test est important car nous pourrions être résistant à l’insuline avec une glycémie dans la norme (12). Il est intéressant de constater que les laboratoires en suisse ou en France mettent la démarcation entre normal et anormal à 2.4. Toutefois comme pour les valeurs de la glycémie et de l’Hg glyquée, il s’agit d’un continuum dans le temps.

On peut dire qu’un test de HOMA autour de 1 est une valeur de sensibilité à l’insuline optimale et que déjà au-dessus de 2, il existe un début de résistance à l’insuline et qu’au-dessus de 3, la résistance à l’insuline est déjà bien significative e plus la valeur est élevée est pire est le niveau de résistance à l’insuline. Dès lors, ces trois marqueurs sanguins nous permettent d’évaluer votre degré de résistance à l’insuline et du risque de développer une maladie importante. Ces marqueurs vous seront également utiles pour évaluer la réussite de votre prise en charge.

Le prédiabète, la porte ouverte vers de multiples maladies

Nous avons vu que la résistance à l’insuline, incluant le prédiabète est le plus grand fléau qui affecte la santé de notre société et toucherait aux USA environ 88 millions de personnes. De plus, nous avons vu que la résistance à l’insuline n’est pas une condition précise par rapport à une norme mais c’est un gradient d’évolution de notre intolérance progressive aux glucides. Pour évaluer cela, on peut utiliser l’échelle de l’Hg A1C qui évalue la quantité de sucre qui se colle aux globules rouges, c’est un très bon indicateur de notre glycémie sur une période de 3 à 4 mois. Selon les critères officiels tous ce qui se trouve en dessous de 5.7 est normal et si on se trouve entre 5.7 et 6.5, on est considéré comme un prédiabète alors qu’au-dessus de 6.5, la personne est diabétique de type 2.

On parle de prédiabète car statistiquement 75% des prédiabétiques développerons un diabète de type 2 dans les 5 ans, cela signifie que l’épidémie de diabète que nous constatons actuellement n’est que la pointe de l’iceberg (13). De plus, de nombreux spécialistes en nutrition estiment que des valeurs santé serait en dessous de 5.3 d’HgA1C, ce qui veut dire qu’une grande majorité de gens se situe entre 5.3 et 5.7 et sont sur une mauvaise pente alors que les valeurs sont considérées comme rassurantes.

La glycémie à jeûne, une valeur faussement rassurante et l’intérêt du test de HOMA

De plus certains médecins utilisent souvent la glycémie à jeûne, toutefois se baser seulement sur la glycémie est souvent faussement rassurant car le corps par de multiples mécanismes s’efforcent de maintenir une glycémie stable pendant longtemps en ramenant des valeurs hautes vers la norme (grâce à l’insuline) et c’est seulement à la longue quand les systèmes de contrôle ont défailli que la glycémie à jeûne va monter de façon persistante. La personne testée seulement avec une glycémie peut être rassurée pendant de nombreuses années alors qu’elle est sur la pente du prédiabète, seul le dosage concomitant de l’insuline nous montre le problème la défaillance du système. Donc un des signes majeurs de la résistance à l’insuline est la présence d’une insuline à jeûne élevée, c’est la raison pour laquelle le test de HOMA est beaucoup plus précoce et fiable pour évaluer une résistance à l’insuline malgré une glycémie normale.

Les symptômes et signes cliniques évocateurs d’un prédiabète

Prédiabète. les symptômes
4. Prédiabète. les symptômes

Il existe des symptômes cliniques qui doivent nous évoquer la possibilité d’un prédiabète, telles que ;

  1. La fatigue après manger : la personne qui a une résistance à l’insuline a de la peine a métaboliser rapidement les glucides consommés, au lieu que la nourriture fournisse de l’énergie, la personne doit utiliser de l’énergie pour éliminer les glucides car ils ne peuvent pas rester dans le sang et le corps pour les stocker doit les transformer en gras
  2. La prise de poids : la résistance à l’insuline entraine une prise de poids en effet la conséquence de la résistance à l’insuline est l’augmentation de l’insuline et comme c’est une hormone anabolisante, elle va favoriser le stockage des glucides en graisse et favoriser la prise de poids.
  3. Des engourdissements et des fourmillements qui sont dus à une neuropathie périphérique due à des phénomènes de glycation et d’altération de la microcirculation (14)
  4. Une vision floue : En partie due à une atteinte des micro vaisseaux au niveau de la rétine pouvant débuter par une vision floue
  5. Des troubles digestifs : Ce sont des symptômes associés en relation avec une dysbiose due à la perturbation de la flore intestinale par une alimentation trop riche en glucides
  6. La faim : Même en prenant du poids et en accumulant de plus en plus d’énergie sous forme de graisse, la personne a de plus en plus faim car lorsque la personne a une résistance à l’insuline, elle a tendance plus à stocker qu’à puiser dans ces réserves, on prend du poids et la faim continue à augmenter.
  7. Les douleurs articulaires : Typiquement beaucoup de douleurs articulaires, surtout sur les articulations portantes comme le bas du dos, les hanches et les genoux sont expliquées par un excès de poids. Toutefois en réalité il n’y a pas une relation directe entre le poids et la douleur articulaire. En fait la résistance à l’insuline provoque une inflammation qui est souvent à l’origine des douleurs articulaires que ce soit arthrose ou arthrite.

Prise en charge de la résistance à l’insuline

La vision médicale classique de la résistance à l’insuline est de penser qu’elle est liée au surpoids et à l’obésité. Le standard de la diététique estime que la surcharge pondérale est due à une augmentation de la consommation des graisses et des sucres. Dès lors, les spécialistes en diététique suggèrent de réduire les calories provenant des graisses et des sucres. Pour cela, ils conseillent de manger peu d’aliments riches en graisses et à la place des sucres rapides, d’apporter des calories provenant des céréales, des légumes féculents ainsi que des fruits etc. Ces approches proposées depuis des décennies ont été plutôt un échec et ont été accompagnées d’une augmentation des maladies métaboliques, du diabète et d’autres maladies débilitantes. Nous avons déjà vu dans l’article sur le foie gras que les graisses saturées ne représentent pas un danger pour notre métabolisme car elles ont peu ou pas d’impact sur la production d’insuline (si l’on ne mange pas des glucides en même temps) et par conséquent sur la résistance à l’insuline.

Alors maintenant nous allons voir 6 stratégies importantes afin de contrôler sa résistance à l’insuline, voir guérir de son prédiabète.  Les médecins ont tendance à prescrire certains médicaments comme la metformine en raison d’une mauvaise compréhension des mécanismes qui sont la cause de la résistance à l’insuline ou qu’ils pensent que leur patient n’est pas apte à réellement changer leur alimentation et leurs modes de vie déséquilibrés. Si l’on va plus loin, on peut penser que l’industrie du médicament et de nombreux médecins préfèrent considérer le prédiabète comme une maladie chronique qui ne peut pas être guérie et qui nécessite une prise en charge médicale avec des examens de sang réguliers ainsi que des traitements au long court. Toutefois la seule façon de guérir d’une résistance à l’insuline est de s’adresser aux causes et nous allons voir 5 stratégies liées à nos modes de vie pour permettre au corps de guérir et de retrouver un métabolisme normal.

a.       Stopper les sucres et le fructose

Trop de sucre
Trop de sucre

Les cellules du corps si elles deviennent résistantes à l’insuline, c’est pour une bonne raison, elles sont surchargées et veulent freiner l’entrée du glucose dans la cellule. La bonne stratégie n’est pas d’améliorer la sensibilité de la cellule à l’insuline avec un médicament mais de réduire les apports de sucres et de glucides afin de laisser le temps à la cellule de réguler son métabolisme. En premier lieu, il est primordial d’arrêter le sucre sous toutes ces formes (sucre de table, bonbons, sodas, viennoiseries, sucres rajoutés etc.). Le sucre augmente brusquement l’insuline en raison d’une élévation rapide de la glycémie.

Le corps ne peut tolérer un excès de sucre dans le sang de façon répétée ou prolongée. Lorsque la cellule devient résistante à l’insuline, pour éliminer le sucre circulant, le foie doit transformer le sucre en graisse (triglycérides) favorisant les dépôts de gras. De plus le sucre de table contient de façon équilibrée du glucose et de fructose, l’excès de fructose ne peut pas être utilisé par le corps et le foie doit le transformer en graisse favorisant le foie gras cause de nombreux problèmes métaboliques.

b.      Réduire les glucides en général

Si vous avez un certain niveau de résistance à l’insuline, il est important de réduire les glucides en général que ce soit des céréales même complètes, les légumes féculents, les légumineuses etc. Les féculents comme la pomme de terre, le riz ou le pain sont des amidons composés de chaines de glucoses qui se transforment en glucose très rapidement sous l’effet de l’amylase responsable d’une augmentation rapide de la glycémie.

Les fruits sont considérés comme un aliment sain toutefois ils ont des teneurs variables en sucre et en fructose, il faut être conscient que deux petits bols de fruits représentent environ 75 gr de sucres. Il faut aussi se méfier des produits laitiers allégés en graisses qui apportent également beaucoup de sucres sous forme de lactose (même sans rajout de sucre). L’importance de la réduction des glucides va dépendre du but recherché et de l’importance du surpoids et de la résistance à l’insuline. Cela peut aller d’une réduction des apports des glucides jusqu’à une diète cétogène.

c.       Réduire la fréquence des repas : le jeune intermittent

Le jeûne intermittent
6. Le jeûne intermittent

Ces 50 dernières années nous mangeons de plus en plus fréquemment, souvent en plus des 3 repas principaux, nous prenons des snacks, un gouter etc.  La plupart des gens mangent toutes les 2 à 3h souvent des aliments riches en glucides et des aliments transformés. Pourtant nous devons respecter une balance énergétique, si nous passons une partie de notre temps à stocker des réserves de glycogène et de graisses, une autre partie de temps doit être utilisée à bruler nos réserves de graisses pour produire de l’énergie. Si nous mangeons trop souvent, cela va produire de l’insuline et nous passons notre temps à stocker favorisant à la longue un surpoids et une résistance à l’insuline. Si par exemple nous mangeons tard le soir, une partie de la nuit nous continuerons à stocker et lorsque notre organisme commence enfin à brûler ses réserves de graisses, nous prenons dès le matin au réveil un petit déjeuner qui va nous remettre dans une période de stockage.

C’est pourquoi, par exemple, en sautant le petit déjeuner ou en mangeant léger et tôt le soir, les personnes en surpoids ont l’occasion d’utiliser leurs réserves de graisse. Plus la fenêtre de jeûne est prolongée dans la journée et plus on rééquilibre les périodes de stockage et l’utilisation des graisses. Une personne en surpoids et souffrant d’une résistance à l’insuline pour avoir de bons résultats, devrait respecter une fenêtre de jeûne de 16h à 18h. Ensuite, pour les personnes motivées qui se sont habituées à réduire leur fenêtre alimentaire, elles peuvent essayer un repas par jour ou des périodes de jeûne plus longue. D’autre part, plus long est la période de jeûne et plus vous activez le mécanisme d’autophagie permettant au corps de se régénérer (15). Je vous invite à écouter ma vidéo sur le jeûne intermittent et il existe une littérature abondante et de nombreuses vidéos youtube disponibles sur ce sujet.  

d.      Faire de l’exercice

De nombreuses études montrent qu’il existe une relation inverse entre une activité physique régulière et la présence d’un syndrome métabolique. L’exercice physique permet de réduire la résistance à l’insuline et prévenir le développement de maladies comme le diabète et les maladies cardio-vasculaires. On sait que faire de l’exercice musculaire permet de faire rentrer le glucose dans les cellules musculaires sans utiliser l’insuline ce qui réduit le besoin d’insuline et améliore la résistance à l’insuline. Diverses études ont montré que les gens qui pratiquent régulièrement du sport ont une meilleure sensibilité à l’insuline. On voit une amélioration de la sensibilité de l’insuline que ce soit par une activité aérobic régulière ou par des exercices de musculation, ceci par des mécanismes différents (16). Dans le prédiabète, l’exercice physique modéré semble plus efficace que le sport intense. Dans une étude, les chercheurs ont comparé l’effet sur la résistance à l’insuline de plusieurs programmes de sport d’intensité différence, allant de la marche rapide (12km par semaine), à la marche rapide plus soutenue (18,5 km/semaine) jsuqzu’au jogging. C’est finalement le premier groupe qui a eu la meilleure régulation de sa résistance à l’insuline. L’explication est que l’exercice de haute intensité a tendance à brûler plus de glucose que de graisse, alors que l’exercice d’intensité modérée a tendance à brûler plus les graisses plus que le glucose. Les scientifiques pensent que cela favorise l’absorption du sucre par le muscle, qui est le premier lieu de stockage du glucose après un repas. L’exercice modéré est donc la manière la plus efficace de pratiquer une activité sportive dans le contrôle du pré-diabète.

e.       Contrôler son stress  

 

7.	Stress et résistance à l'insuline
7. Stress et résistance à l’insuline

Le stress chronique semble être un facteur de risque capital pour la survenue des maladies métaboliques et cardiovasculaires. La stimulation chronique de l’axe du stress peut entrainer un déséquilibre des hormones anaboliques et catabolique, une situation qui est associée à une augmentation des taux circulants d’insuline et de glucose secondaire à l’élévation du cortisol. Sur le plan métabolique, cette situation conduit à un stockage excessif de graisse au niveau viscéral et à une augmentation de la résistance à l’insuline musculaire, deux des mécanismes favorisant l’épuisement des cellules du pancréas et par conséquent le diabète (18). Les soucis, le stress psychologique ou encore la solitude mal vécue sont tous des facteurs qui peuvent favoriser l’installation et l’aggravation d’une résistance à l’insuline.  Prendre soin de son bien être psychologique est important dans la prise en charge de son prédiabète, il est judicieux dès lors d’intégrer des approches telles que la méditation, la relaxation, la cohérence cardiaque voir une approche en psychothérapie si nécessaire

Combien de temps faut-il pour guérir d’une résistance à l’insuline ou d’un prédiabète

Si ces problèmes métaboliques comme la résistance à l’insuline et le prédiabète s’installent progressivement sur des années, voir des décennies, on peut se poser la question de combien de temps faut-il pour inverser un prédiabète et comment pouvons-nous mesurer et suivre ce processus de guérison et finalement comment faire si nous souhaitons que cela se produise plus rapidement ? puis finalement une fois le processus inversé, quel mode de vie devons-nous adopter pour avoir une sensibilité à l’insuline normale.

La réponse à la prise en charge proposée dans cet article va être modulée par la durée et l’importance de la résistance à l’insuline, par des facteurs également génétique qui peuvent nous prédisposer et par la rigueur de la prise en charge proposée. Il faut être conscient qu’une personne qui a une résistance à l’insuline importante, un prédiabète voir un diabète devra prendre des mesures plus énergiques, plus spectaculaires si elle veut renverser le processus et guérir. Ces personnes ont des cellules tellement résistantes à l’insuline que même un peu de glucides suffira à maintenir un niveau d’insuline élevé. Les personnes atteintes de pré diabète et de diabète doivent souvent réduire de façon drastique les glucides pour permettre à la cellule de récupérer dés fois jusqu’à adopter une diète cétogène momentanée voir des périodes de jeûne répétées plus ou moins prolongés de trois, quatre, cinq jours voire une semaine. Suite à des approches plus ou moins drastiques, une régression complète du prédiabète peut prendre des semaines voir des mois. De plus, les personnes souffrant d’une prédisposition génétique doivent faire des efforts plus importants pour réduire le sucre et les apports de glucides.

En résumé, il existe une énorme variation entre les personnes ce qui va rendre les prises en charge plus ou moins drastiques et longues. Les personnes peuvent suivre l’évolution de leur prise en charge en suivant régulièrement les valeurs précitées que ce soit l’indice de HOMA soit l’hémoglobine A1C tous les 3 mois, quant à la glycémie, elle est trop fluctuante et peu représentative d’une prise en charge au long cours. Lors des changements des modes de vie, la glycémie est souvent la première chose qui va s’améliorer, cela va arriver relativement vite en quelques semaines alors que l’insuline va prendre des mois  si l’on veut inverser complètement le processus. Si l’on veut aller plus vite et accélérer le processus, il faut additionner toutes les procédures étudiées jusqu’à présent : à savoir mise en place d’exercices adaptés, une gestion du stress, une diète faible en glucides voir dans les cas plus sévères, une diète cétogène et des périodes de jeûne répétés.

Pourquoi les médicaments ne sont pas la solution principale

Nous avons vu jusqu’à présent que pour inverser une résistance é l’insuline, la solution la plus naturelle et la plus simple serait de réduire l’apport de glucides suffisamment longtemps afin de permettre à la cellule de récupérer ces capacités métaboliques et de brûler son excédent.  Cette solution évidente n’est pas proposée par les médecins qui restent convaincus que notre alimentation doit contenir suffisamment de glucides étant notre carburant principal et que nous devons manger des glucides quotidiennement comme les céréales, les légumineuses, les fruits etc. Si cela est vrai pour quelqu’un qui a une bonne sensibilité à l’insuline, cela est discutable chez quelqu’un qui a une résistance à l’insuline. Comme cette stratégie reste peu efficace, la médecine préfère se tourner alors vers des options médicamenteuses (ce qui est plus rentable) pour essayer de régler le problème.

8.	Metformine
8. Metformine

Le premier médicament souvent proposé est la metformine, elle agit sur la sensibilité à l’insuline en activant certains récepteurs de la voie de l’insuline (19) persuadant la cellule à accepter plus de glucose, de plus elle inhibe la néoglucogénèse afin d’empêcher le foie de produire du glucose. La metformine va donc tenter de contrôler la glycémie toutefois sans modifier l’état de surcharge de la cellule et sans réellement inverser le processus de la résistance à l’insuline. Les études montrent des effets bénéfiques de ce médicament aussi sur la fonction mitochondriale (20) et l’autophagie (21), certains effets délétères sont toutefois également observés tels qu’un risque d’acidose métabolique. Si ce médicament peut représenter un certain intérêt, il ne corrige pas la cause principale du diabète ou du prédiabète et ne permet pas d’inverser le processus métabolique.

En cas d’échec des traitements par la bouche avec une glycémie qui reste élevée, les médecins vont se tourner vers des injections d’insuline afin de baisser le sucre sanguin en forçant l’entrée du sucre dans la cellule toutefois la cellule surchargée va devoir encore plus gérer ces excès de sucre. Ces médicaments ne vont pas inverser le processus de la résistance à l’insuline mais surtout en priorité réduire la glycémie dans le sang afin d’éviter la toxicité de l’excès de sucre dans le sang. Un autre médicament est le Bydureon, appartenant à une classe appelée glp-1 agissant sur d’autres récepteurs aidant le pancréas à produire plus d’insuline. Il existe encore de nombreux autres médicaments pour forcer le glucose à renter dans les cellules, tels qu’un analogue d’insuline rapide comme l’Humalog ou une forme d’insuline lente comme le Lantus, ou encore un produit qui combine les deux principes comme le Suliqua etc. Tous ces produits sont là pour réduire la glycémie et faire rentrer le glucose sanguin dans la cellule. Toutefois en faisant cela, bien qu’on réussisse à réduire la glycémie afin d’éviter les processus de glycation délétère pour l’organisme, on ne fait qu’aggraver à la longue la résistance à l’insuline et la personne reste dans un état hormonal de stockage.

Peut-on utiliser des compléments naturels :

Certaines personnes vont choisir des alternatives naturelles qui ont aussi prouvé une certaine efficacité sur la sensibilité à l’insuline comme le thé vert (22), la cannelle, la berberine , le chrome (23), le vinaigre de cidre etc., toutes ces substances  aident à baisser la glycémie toutefois le problème reste le même, en améliorant l’entrée du glucose sanguin dans la cellule, on abaisse effectivement le sucre dans le sang toutefois sans permettre à la cellule  déjà surchargée d’inverser réellement la résistance à l’insuline.

Les effets d ela berberine

La berberine, par exemple a montré son efficacité dans de nombreuses études sur sa capacité à améliorer le syndrome métabolique, moduler l’inflammation et influencer favorablement le microbiote (24-26). Comme autre exemple, la prise de vinaigre de cidre avant les repas a montré une capacité a réduire la glycémie et améliorer le profil lipidique (27). D’autre part, la modulation de notre microbiote par des prébiotiques (28) et/ou des probiotiques peut également offrir une aide à cette régulation métabolique, récemment certains probiotiques comme l’akkermansia muciniphila ont montré des capacités de modulation des troubles métaboliques réellement intéressantes (29). Nous sommes fascinés par toutes ses molécules prometteuses qui bien qu’elles aient un impact sur notre santé, elles ne permettent pas réellement d’inverser le processus de la résistance à l’insuline.

La vérité est que la cellule a juste besoin de récupérer sa capacité à bruler ses réserves afin d’équilibrer sa balance stokage/brulage pour cela nous avons vu que la solution passe en premier lieu  par une réduction plus ou moins drastique des apports de glucides avec les stratégies que nous avons étudiées ci-dessus comme la diète pauvre en glucide voire, selon l’importance de la résistance à l’insuline, la diète cétogène, le jeune intermittent ou des périodes de jeûne plus ou moins prolongée. Les produits naturels précités s’ils accompagnent ces stratégies, ils peuvent être un soutien significatif dans le processus de guérison. Il est certain que pour appliquer ces approches qui demandent des modifications importantes de nos modes de vie, une personne doit vraiment décider de se prendre en charge et cela demande compréhension, détermination et volonté et il est souvent plus facile de se laisser aller jusqu’à ce que le diagnostic de diabète soit posé et de prendre des médicaments qui vont empêcher les dégâts directs d’une glycémie élevée mais ne vont pas empêcher une lente dégradation de l’état de santé avec toutes les complications bien connues de cette maladie phare de notre époque.

Exemple de protocole d’une résistance à l’insuline

  • Commencer par arrêter les sucres, sucreries, sodas, produits transformés surtout les farines blanches.
  • Diminuer progressivement les glucides selon l’importance de la résistance à l’insuline et du prédiabète, cela implique une réduction des céréales, légumineuses, fruits et produits laitiers allégés, dans les cas plus sévères de résistance, envisager une diète cétogène
  • Une fois la diète est bien mise en place, on peut débuter le jeûne intermittent progressivement en retardant par exemple d’une ou deux heures le petit déjeuner et avançant le repas du soir pour passer d’une fenêtre de jeûne quotidienne progressivement de 12h au début jusqu’à 16-18h par jour
  • Pratiquer un exercice aérobic modéré (marche rapide par exemple) et/ou des exercices de musculation environ 3x par jour
  • En cas de pré diabète marqué, on peut envisager des jeûnes plus ou moins prolongés. Personnellement je recommande à mes patients, la diète Prolon qui est une diète qui mime le jeûne et qui a des effets métaboliques similaires, 5 jours tous les 1 à 3 mois selon recherche d’efficacité.

Utiliser des compléments alimentaires pour soutenir le processus

  • Prenez de la Berberine 300 à 500 mg 2 x par jour,
  • Prenez l’habitude de prendre une cuillère à soupe de vinaigre de cidre au début des repas
  • Ajouter si envie un complexe pour réguler la glycémie par exemple Glycabiane de Pileje (cannelle, l-carnosine, chrome), ou encore Metaglycemix de Bionutrics (poudre de cannelle, extrait de thé vert, acide alpha lipoique, l carnosine, chrome etc.) etc.
  • Consommer des fibres prébiotiques, par exemple 5 à 10 gr de fibres d’Acacias lors des repas
  • Prenez un complexe de probiotiques ou de l’Akkermansia muciniphila, le laboratoire Bionutrics a commercialisé l’Akkermansia avec du thé vert et du chrome pour cibler les maladies métaboliques et la perte de poids

Dr Antonello D’Oro

Références :

  1. Lebovitz HE. « Insulin resistance. Definition and consequences » Exp Clin Endocrinol Diabetes , 2001 ;109
  2. Parwani K “Role of advanced glycation end products and insulin resistance in diabetic nephropathy” Arch Physiol Biochem 2023 Feb;129 (+):95-107
  3. Capeau “Insulin resistance and steatosis in humans” Diabetes Metab 2008 Dec;34
  4. Shoelson SE “Inflammation and insulin resistance” J Clin Invest 2006 Jul ;116(7)
  5. Shuang Wang “Association between remnant cholesterol and insulin resistance levels in patients with metabolic-associated fatty liver disease” Sci Rep. 2024 26;14(1):4506
  6. Eleftheria Ieronymaki “Insulin Signaling and Insulin Resistance Facilitate Trained Immunity in Macrophages Through Metabolic and Epigenetic Changes” Front Immunol 2019 jun 12:10:1330
  7. Asie Sadeghi “ Crosstalk between autophagy and insulin resistance: evidence from different tissues” Eur J Med Res 2023 Oct 25;28(1):456
  8. A J Coats “ Insulin resistance in chronic heart failure” J Cardiovasc Pharmacol 2000;35
  9. Xue Zhou “Study on insulin resistance and ischemic cerebrovascular disease: A bibliometric analysis via CiteSpace” Front Public Health. 2023 Mar 6:11:1021378
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