COVID LONG, des stratégies thérapeutiques ciblées et efficaces, Partie 1 : l’hypercoagulabilité
COVID LONG, des stratégies naturelles et efficaces, partie 2 : virus persistant et immunité dérèglée
Le COVID long, des stratégies naturelles et efficaces, partie 3 : une maladie du microbiote ?
Nous assistons ces trois dernières années à une augmentation importante de personnes souffrant de symptômes persistants, souvent handicapants à la suite d’une infection de la COVID. Les symptômes d’un COVID long peuvent être très variés et si l’on prend la liste des symptômes reconnus par la British NHS, dans les trois symptômes les plus fréquents, on peut observer une fatigue chronique, un souffle court, ainsi qu’un brouillard mental comprenant des troubles de l’attention et de la mémoire. Le brain fog ou brouillard cérébral est encore présent après une année chez environ 6 % des personnes affectée par la COVID 19, ce qui touche par conséquent une partie significative de la population. L’impact de ces troubles cognitifs sur le plan social et professionnel est très handicapant et représente un problème important pour notre société.
Une étude récente sur un suivi de plusieurs mois d’environ 2600 malades de la COVID a confirmé la présence d’un brouillard mental chez environ 7,2% des patients avec une prépondérance chez la femme ainsi que les personnes qui ont eu des troubles respiratoires importants lors da COVID 19 (1). Si les complications neurologiques sont relativement fréquentes chez les patients qui ont dû être hospitalisés dans des unités de soins intensifs, on constate également des troubles cognitifs chez de nombreux patients qui ont présenté des formes modérées, sans être hospitalisés. Il est encore difficile de prévoir la durée de ces troubles cognitifs, si l’on se réfère à une étude de mai 2023, après une année de suivi, encore 30 % des personnes continuaient à souffrir d’un brouillard cérébral et cela sans relation avec le degré de sévérité de l’épisode aigu (2).
Mécanismes responsables d’un brouillard mental dans le COVID long
Un des mécanismes expliquant ces troubles cognitifs post COVID serait dus à une neuro-inflammation au niveau de la microglie du cerveau avec comme conséquences un stress oxydatif et un dysfonctionnement des mitochondries se traduisant par une fatigue cérébrale et des troubles cognitifs. La neuroinflammation semble donc être une explication pivot dans l’installation de ces troubles cognitifs et serait accompagné d’une réduction des capacités de régénération des cellules cérébrales (neurogénèse) (3).
Une autre hypothèse serait en relation avec des altérations de la microcirculation incluant des dysfonctions endothéliales, avec micro thromboses des capillaires et activation des cellules immunitaires, ces altérations pourraient être capables de modifier la distribution de l’oxygène dans les tissus cérébraux et favoriser des troubles cognitifs ou de l’humeur Il peut également s’agir dans les cas de COVID plus sévère, de séquelles neurologiques démontrées par de l’imagerie fonctionnelle du cerveau mettant en évidence des zones hypo métaboliques dans la zone du cortex cingulaire (4).
Stratégies dans le brouillard cérébral post Covid
Nous avons vu que les points clés de la prise en charge du brouillard cérébral post COVID consiste en premier lieu à réduire la neuro-inflammation et à améliorer la micro circulation cérébrale afin d’améliorer l’oxygénation des cellules cérébrales. Nous verrons également des stratégies prometteuses pour réduire la neuroinflammation et activer notre neuroplasticité et notre neurogénèse afin de booster nos fonctions cérébrales.
Réduire la neuroinflammation
Les polyphénols ont une place privilégiée dans le contrôle de la neuroinflammation. Diverses études ont montré par exemple que le resveratrol avait une capacité de réguler la neuro inflammation et le stress oxydatif des cellules cérébrales (5,6). D’autres polyphénols comme la curcumine, le sulforaphane etc ont également démontré des capacités d’atténuer l’inflammation cérébrale. La lutéine et la quercétine réduisent également la neuro inflammation, agissent sur les cellules mastocytaires souvent perturbées dans le COVID long et améliorent les dysfonctions cognitives. La lutéine a une mauvaise absorption orale mais sa pharmacocinétique est grandement améliorée par des préparations liposomales (NeuroProtek) (7). La spermidine est une polyamine aux multiples vertus sur la régénération cellulaire, les capacités anti-inflammatoires et antioxydantes particulièrement dans la neuroinflammation. Diverses études ont montré la capacité de cette molécule de réduire la neuroinflammation et d’améliorer les fonctions cognitives (8,9). Le germe de blé, certains champignons, la mangue ou la pomme sont des sources naturelles de spermidine. On peut suggérer par exemple des doses de 1000 à 2000 mg de germes de blé par jour. Il existe de nombreux laboratoires qui ont commercialisé cette substance en complément alimentaire.
Bien entendu notre microbiote joue un rôle important dans le contrôle de l’inflammation et de la neuro inflammation. Une alimentation saine riches en fruits et végétaux (fibres et polyphénols) est essentiel à la santé de notre cerveau. On peut soutenir le microbiote avec des prébiotiques et des probiotiques. D’autre part, plusieurs études ont montré que le butyrate, un acide gras à chaine courte produit par la fermentation des fibres alimentaires, avait divers effets bénéfiques sur le métabolisme énergétique et la régulation de la réponse immunitaire.
Des études récentes ont montré que le butyrate, en tant que complément alimentaire, peut améliorer la plasticité synaptique en réduisant la neuroinflammation, de plus les mitochondries pourraient être la cible potentielle de l’action du butyrate limitant ainsi la dégénérescence neuronale (10,11). Afin d’avoir un effet sur la neuroinflammation et la régulation immunitaire, il est conseillé de prendre des doses de butyrate autour de 3000 mg par jour.
Améliorer la microcirculation du cerveau
L’amélioration de la microcirculation et l’oxygénation du cerveau vont de pair avec la prise en charge de la neuroinflammation. Plusieurs études ont montré que divers symptômes se manifestant lors d’un COVID long, pourraient être dus à la présence de micro caillots plasmatiques circulant persistants résistant à la fibrinolyse et qui pourraient ainsi bloquer les micro capillaires et inhiber l’échange d’oxygène dans les tissus (12).
Des études ont bien confirmé que de nombreux symptômes en relation avec un état d’hypercoagulabilité dans le COVID long pouvaient comprendre divers symptômes tels que des douleurs généralisées, une insomnie, une intolérance à l’exercice aérobic ainsi qu’un brouillard cérébral. On peut envisager des produits naturels qui ont la capacité de dissoudre ces micro thrombi sanguin. Il s’agit d’enzymes fibrinolytiques tels que la nattokinase (13,14) ou encore la lombrokinase (15,16). Les experts proposent, dans les états chroniques comme le COVID long, de prendre par exemple 100 à 200 mg de Nattokinase par jour ou pour la lumbrokinase, (Boluoke) 1 cps une à 3x par jour, 30 minutes avant les repas.
Le pycnogenol est un polyphénol qui a démontré des effets anti-inflammatoires et un effet protecteur vasculaire dans plus de 90 études cliniques, c’est pourquoi on estime qu’il pourrait être bénéfique dans la prise en charge du COVID long (17). Ces effets sont multiples permettant de réduire l’agrégation plaquettaire, améliorer la microcirculation et améliorer la fonction de l’endothélium vasculaire. Une étude publiée en avril 2022 a comparé deux groupes en post COVID dont un recevait du pycnogénol (150 mg) et pas l’autre. Le groupe traité avec du pycnogénol après 3 mois de traitement a montré de façon comparative une amélioration de la fonction de l’endothélium vasculaire, de la microcirculation ainsi que des marqueurs de l’inflammation et du stress oxydatif (18).
Aller plus loin en boostant nos fonctions cérébrales
Il existe sur le marché des approches nouvelles prometteuses dans la prise en charge du brouillard cérébrale. Une approche intéressante est la low dose Naltroxone (LDN) qui a démontré des capacités anti-inflammatoires, analgésiques et neuromodulatrices, agissant particulièrement sur l’inflammation de la microglie cérébrale. On suggère de débuter avec un mg et d’augmenter progressivement toutes les semaines ou deux semaines jusqu’à atteindre la dose de 4.5 mg. J’utilise régulièrement dans le COVID long la LDN afin également de réduire l’état de fatigue, les douleurs et moduler favorablement l’immunité.
Un produit plus récent et prometteur est le RG3 en spray nasal de chez Nutrined, ce produit combine un extrait de ginseng et un dérivé de vitamine B3. Ce produit permet une réduction de la neuroinflammation ainsi qu’une stimulation des mitochondries et représente une approche nouvelle pour réduire les symptômes du brouillard cérébral. Par son action sur la neurogénèse, ce produit est une option dans les maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer.
On peut également conseiller des substances qui augmentent les fonctions cognitives en augmentant les taux d’acétylcholine du cerveau ou qui ont un effet neuroprotecteur telles que le Bacopa, la Centella Asiatica, la Citocoline, l’alpha GPC, l’acetyl Carnitine, le fruit du café, l’héricium etc.
Dans ma consultation j’utilise régulièrement certains produits comme le Cognifuel de chez Nutrined ou le BDNF Essentials de chez Researched Nutritionals, mais bien entendu il existe de nombreux produits sur le marché qui combinent ces diverses substances.
Dans les recommandations du FLCCC alliance (The Frontline COVID-19 Critical Care Alliance), regroupant des experts du monde entier sur le COVID long et les atteintes post-vaccinales, en plus des recommandations précitées, diverses approches prometteuses sont proposées. Parmi celles-ci figurent l’administration ocytocine sous forme de spray nasal (19) ou encore l’utilisation du bleu de méthylène (20,21). De plus, un traitement par photobiomodulation (22) ainsi que la stimulation magnétique transcrânienne ont démontré leur efficacité dans la fatigue mentale associée au COVID long (23). Il est à noter que ces approches nécessitent un suivi attentif par un thérapeute formé.
Exemple d’une prise en charge d’une personne souffrant d’un brouillard cérébral
- En premier lieu améliorer le plus possible son mode de vie (qualité du sommeil, exercice physique aérobic progressif, gestion du stress) et son alimentation (riche en légumes, fibres et fruits et pauvre en glucides et junk food).
- Améliorer le microbiote en prenant un complexe de bifidobactéries /lactobacilles et des fibres prébiotiques (5 à 15 gr par exemple de fibres d’Acacias ou Optifibre). Au début, rajouter du butyrate en complément (par exemple 3x 2cp de Butyflam à 500 mg de chez Nutrined).
- Diminuer la neuroinflammation et améliorer la microcirculation par des compléments
- Acides gras oméga 3, 2 à 4 gr par jour au milieu d’un repas
- Resvératrol (400 à 500 mg/j) à jeun, peut être combiné avec la Quercétine (500 mg à 1gr/j) qui agit de façon synergique avec le resvératrol.
- Spermidine 1000 à 2000 mg par jour (extrait du germe de blé)
- Pycnogenol 100 à 200 mg par jour ou Nattokinase 100 à 200 mg par jour réparti en deux doses
- Prendre un complexe pour booster les fonctions cognitives
- o Par exemple le RG3 en spray nasal de chez Nutrined (2 spray dans chaque narine, 2x par jour)
- o Ou CogniFuel de chez Nutrined 1 cp 3x par jour
- En cas d’association à un état de fatigue, douleur ou dépression envisager un traitement de LDN (low dose naltroxone) avec un thérapeute connaissant ce produit.
Références
1. Ali A Asadi-Pooya « Long COVID syndrome-associated brain fog” J Med Virol 2022 Mar;94(3):979-984
2. Anna S Nordvig “Brain fog in long COVID limits function and health status, independently of hospital severity and preexisting conditions” FrontNeurol 2023 May
3. Emma Kavanagh “Long Covid brain fog: a neuroinflammation phenomenon” Oxf Open Immunol, 2022 Sep 27; 3(1)
4. Ali Nouraeinejad “Brain fog as a Long-Term Sequela of Covid-19” SN Compr Clin Med 2023;5(1):9
5. Lin Cong “Resveratrol attenuates manganese-induced oxidative stress and neuroinflammation through SIRT1 signaling in mice” Food Chem Toxicol, 2021
6. Xiadong Yang “Resveratrol regulates microglia M1/M2 polarization via PGC-1α in conditions of neuroinflammatory injury” Brain Behav Immun 2017 Aug:64:162-172
7. Theohatis C, Theoharides “Long‐COVID syndrome‐associated brain fog and chemofog: Luteolin to the rescue” Biofactors 2021 Mar.April
8. Freitag K, “ Spermidine reduces neuroinflammation and soluble amyloid beta in an Alzheimer’s disease mouse model. Journal of Neuroinflammation. 2022;19:172.
9. Schroeder S, “Spermidine improves cognitive function.” Cell Resports. 2021;35:108985.
10. Matt SM “Butyrate and Dietary Soluble Fiber Improve Neuroinflammation Associated With Aging in Mice” Front Immunol 2018 Aug 14:9:1832
11. Gina Cavaliere “Butyrate Improves Neuroinflammation and Mitochondrial Impairment in Cerebral Cortex and Synaptic Fraction in an Animal Model of Diet-Induced Obesity” Antioxydants, 2022 Dec 20;12(1)
12. Etheresia Pretorius “Persistent clotting protein pathology in Long COVID/Post-Acute Sequelae of COVID-19 (PASC) is accompanied by increased levels of antiplasmin” Cardiovasc Diabetol 2021 Aug 23;20(1):172
13. Hongile Chen “ Nattokinase: A Promising Alternative in Prevention and Treatment of Cardiovascular Diseases”
14. Yungi Weng “ NAttokinase: an oral antithrombotic agent for the prevention of cardiovascular disease” INt J Mol Sci 2017 Mar;18(3):523
15. Kevin Yueju “Recombinant protein production of earthworm lumbrokinase for potential antithrombotic application” Evid Based Complement Alternat Med, 2013
16. Cao, Yong-Jun et al. “Oral fibrinogen-depleting agent lumbrokinase for secondary ischemic stroke prevention: results from a multicenter, randomized, parallel-group and controlled clinical trial.” Chinese medical journal vol. 126,21 (2013): 4060-5.
17. Franziska Weichmann “ Projected supportive effects of Pycnogenol in patients suffering from multi-dimensional health impairments after a Sars-CoV2 infection” 2020 Dec:56(6):106191
18. Gianni Belcaro “Preventive effects of Pycnogenol® on cardiovascular risk factors (including endothelial function) and microcirculation in subjects recovering from coronavirus disease 2019” Minerva Med. 2022 Apr;113(2):300-308
19. Ali S Immani “Oxytocin’s anti-inflammatory and proimmune functions in COVID-19: a transcriptomic signature-based approach” Physiol Genomics 2020 Sep
20. Donovan Tucker “From Mitochondrial Function to Neuroprotection-an Emerging Role for Methylene Blue” Mol Neurobiol 2018 Jun
21. Artem P Gureev “Molecular Mechanisms of the Neuroprotective Effect of Methylene Blue” Biochemistry 2022 Sep;87: 940-966
22. Robert Bowen “Use of either transcranial or whole-body photobiomodulation treatments improves COVID-19 brain fog” J Biophotonics, 2023 Aug;16(8)
23. Stefanie Linnhoff “The therapeutic potential of non-invasive brain stimulation for the treatment of Long-COVID-related cognitive fatigue” Front Immunol 2023 Jan 9:13:935614
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