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L’inquiétude du bonheur

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bonheurLe bonheur, une notion philosophique insaisissable

La question du bonheur semble être une véritable obsession à notre époque, à tel point qu’elle est devenue paradoxalement un nouveau souci, une nouvelle inquiétude. Certains en sont venus à penser par réaction que le plus sûr moyen d’être heureux c’est de ne plus y penser. Cette remarque ne manque pas de pertinence et cependant on peut tenter de comprendre ce paradoxe.

Remarquons, lorsque l’on se penche sur la littérature actuelle, qu’il est de bon ton de se référer à l’histoire de la philosophie en citant les philosophes qui se sont intéressés à ce sujet. On éprouve le besoin de trouver des cautions prestigieuses à notre quête récente.

Il est clair que le mot bonheur n’est pas un terme récent, toutefois au cours des siècles ce mot a revêtu différentes significations. Toutefois actuellement, il est devenu une exigence incontournable. En tout cas, c’est depuis fort peu de temps (une cinquantaine d’années) qu’en le considérant comme un bien auquel chacun a droit, on laisse entendre qu’il devrait être aisé à acquérir.

Notons d’abord que tous les philosophes ne se sont pas passionnés pour ce sujet. Ou alors de façon indirecte en parlant d’autre chose : par exemple, Spinoza dans son éthique vise la béatitude. On peut même mentionner des philosophes qui jugent ce sujet inessentiel. Par exemple, Hegel estime qu’il existe des satisfactions plus élevées que le bonheur. Kant considère qu’il ne relève même pas de la philosophie, car c’est un sujet beaucoup trop subjectif, qui rend impossible la tâche de concevoir un bonheur universel. Et pour Nietzsche, l’existence de la souffrance constitue une aubaine pour l’individu supérieur qui peut exercer sa puissance vitale en se montrant plus fort qu’elle.

Certes, il nous reste trois cautions d’importance que sont Aristote, les épicuriens et les stoïciens. Mais alors là, prenons garde ! Leurs conceptions du bonheur sont bien éloignées de ce à quoi semble aspirer l’homme moderne….si tant est qu’il sache à quoi il aspire. Pour Aristote, le bonheur consiste à atteindre sa perfection, son état d’achèvement en réalisant ce pour quoi l’on est fait, en vertu de sa nature propre. Par exemple, le philosophe par l’exercice de sa raison en créant une œuvre, l’artisan en créant de belles statues, etc …. Pour le stoïcien, il s’agit de se retirer en soi, comme dans une forteresse inexpugnable pour ne plus être perturbé par les aléas de la vie.

bonheur 2Quant aux épicuriens, le bonheur se trouve dans une vie simple, frugale, à la limite de l’ascétisme.

Mais nous, contemporains, à quoi pense-t-on le plus souvent quand on parle de bonheur ??? Certaines personnes semblent aspirer à quelque chose comme le bonheur d’une vache qui broute paisiblement dans son pré. Et j’ai déjà entendu des personnes dire, en voyant une vache ou un chat en train de sommeiller, c’est cela la vraie vie !!! Dans ce cas, on a le sentiment d’être confronté à des gens qui confondent le bonheur avec le besoin de repos. Il existe clairement une confusion, car en effet les deux sont sans nul rapport : l’un est censé être l’objet de toute une vie et l’autre, rien de plus qu’un laps de temps nécessaire pour retrouver ses forces. Et pourtant, si certains n’y voient nullement un malentendu, ne doit-on pas y voir quelque chose de révélateur, de symptomatique ?

Un symptôme, mais de quoi ? Peut-être s’agit-il d’une grande fatigue générale qui se serait abattue sur beaucoup d’individus actuels, notamment en Occident. Mais de quelle fatigue parle-t-on ? S’agit-il d’une fatigue liée au travail ? Pas seulement, car sinon le bonheur ne serait pas envisagé sous la forme d’un farniente. Non, il semble s’agir de quelque chose du plus profond, l’homme est las d’agir purement et simplement.  Toutefois, agir c’est vivre et vivre c’est agir (rappelons Aristote, cité plus haut). Mais alors, ne s’agirait-il pas d’une fatigue de vivre qui serait à l’œuvre dans cette idée du bonheur ?

Cela nous permet d’évoquer tous ces hommes de religion qui nous promettent le repos éternel après notre mort. Et cette évocation nous fait sinistrement penser que réaliser sur terre un tel idéal de bonheur consisterait à mourir de son vivant. Mais  après tout, puisque nous savons que d’une manière ou d’une autre, que ce soit par les promesses de la religion, ou par ce fait de nature que nous devons mourir un jour, nous savons que nous le connaîtrons ce fameux éternel repos, ne serait-il pas à propos d’en revenir au bon vieux Hegel qui nous a rappelé qu’il existe des satisfactions plus élevées que le bonheur, en tout cas le temps d’une vie qui, si longue soit-elle, n’aura lieu qu’une fois. Et rejoignons aussi Aristote: réaliser quelque chose en se disant qu’on ne dispose pas de l’éternité pour le faire. Alors que pour le repos ……..

Thierry Gazan

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