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MIGRAINE 2ème Partie: les alternatives naturelles

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VERS UNE ALIMENTATION OPTIMALE

 Introduction

Nous avons vu dans la première partie, qu’une première approche pour contrôler les crises de migraine est de reconnaître et réduire les facteurs déclenchant. Nous avons insisté sur l’importance de gérer le stress, d’avoir un sommeil régulier et de ne pas sauter de repas. Certaines personnes vont déjà mieux par exemple en réduisant leur consommation d’alcool, en évitant de manger des viandes fumées ou transformées (charcuterie), en évitant les aliments contenant du glutamate monosodique ainsi qu’en réduisant la consommation de café et de noix.

Comment aller plus loin dans cette démarche ? Certains spécialistes nous proposent de changer complètement notre modèle alimentaire. L’alimentation moderne occidentale s’est éloignée de la nourriture originelle offerte par la nature. Notre alimentation s’est modifiée il y a déjà plus de 10’000 ans avec l’apparition de l’agriculture et l’introduction des céréales dans l’alimentation. Avec le temps, les céréales ont été modifiées d’innombrables fois afin d’augmenter leur rendement s’éloignant génétiquement de plus en plus des premières céréales, les rendant moins digestes. De plus, le raffinage des céréales a enlevé le peu d’éléments micro nutritionnels intéressants pour la santé (minéraux, vitamines). Plus récemment, les aliments ont été de plus en plus transformés remplis de sucre, de sel et de divers additifs chimiques.

Le modèle alimentaire actuel est vraisemblablement responsable de l’augmentation des cas de migraines. Nous allons voir qu’il existe divers suspects confortés par des études médicales de plus en plus nombreuses.

 1er suspect : les céréales et particulièrement celles contenant du gluten

Le gluten est une protéine qui se trouve principalement dans le blé, l’orge, le seigle et le froment. C’est le gluten qui donne son élasticité et son moelleux au pain et qui réjouis notre palais. Toutefois, le gluten est mal toléré chez de nombreuses personnes. On estime qu’environ 1% des gens sont intolérants au gluten avec une réaction auto-immune risquant de détruire la muqueuse de l’intestin. Il s’agit de la maladie cœliaque. Elle entraine des diarrhées chroniques, de la fatigue, une déficience en vitamines et minéraux, une atteinte des nerfs et de l’ostéoporose. Toutefois, on estime que beaucoup plus de personnes souffrent de sensibilité au gluten, les appréciations allant de 8% à un tiers de la population. Cette sensibilité est responsable de symptômes divers comprenant non seulement des troubles digestifs mais également cutanés ou nerveux.

Une relation entre le gluten et la migraine est de plus en plus évoquée. En effet, plusieurs publications médicales ont reconnu que la migraine est fréquente chez les personnes souffrant d’une entéropathie au gluten (maladie cœliaque), elle peut même être une des premières manifestations de cette maladie (3, 4). D’autres auteurs soutiennent que les personnes présentant une sensibilité au gluten (sans maladie cœliaque) sont également à risque de souffrir de migraine ou d’autres troubles neurologiques, même sans atteinte intestinale (5).

 2ème suspect : l’excès de sucre et d’hydrate de carbones

Le sucre est partout, sa consommation a progressivement explosé. La consommation de sucre d’un américain est en moyenne par année de 75 kg ! Le sucre dans notre organisme se transforme en glucose et en fructose. Le glucose va stimuler la sécrétion d’insuline, l’insuline va permettre l’entrée du glucose dans les cellules pour être brulé en énergie et l’excès de sucre va principalement être stocké en gras dans le tissu adipeux. Le plus souvent, ce n’est pas de manger gras qui nous rend gras et gros, c’est le sucre. L’excès de stockage des graisses va favoriser l’insulino-résistance et à terme le diabète.

Manger des céréales (pain, pâtes, pizza, biscuits, etc.), c’est manger des hydrates de carbone qui ne sont que des chaînes de glucose et qui vont plus ou moins avoir le même effet que de manger du sucre entrainant une augmentation du risque d’une insulino-résistance et secondairement, du diabète et des maladies cardio-vasculaires.

Des études récentes constatent que l’insulino-résistance est fréquente chez les personnes souffrant de migraines (1). Bonne nouvelle : la prise en charge du syndrome métabolique par une alimentation adaptée permet également de réduire le risque de migraines (2).

3ème suspect : un excès d’acides gras Oméga 6 par rapport aux Oméga 3

Les acides gras oméga 6 sont des acides gras polyinsaturés. La source principale d’acides gras oméga 6 dans notre alimentation occidentale provient des huiles végétales tirées de graines, ces huiles ayant été introduites relativement récemment dans notre alimentation. Il s’agit principalement des huiles de tournesol, de maïs et de soja.

Ces huiles végétales sont utilisées dans la plupart des préparations alimentaires à la place du beurre qui a mauvaise presse. Toutefois, ces huiles riches en oméga 6 jouent un rôle défavorable pour notre santé en rendant notre terrain plus susceptible à l’inflammation. Les graisses polyinsaturées riches en oméga 6 ou 3 ont une influence sur notre réponse à la douleur à travers divers messagers de l’inflammation (prostaglandines, leucotriènes, résolvines, etc.). Les huiles végétales riches en oméga 6 induisent une augmentation des prostaglandines E2 pro-inflammatoires.

Lors d’une expérience médicale, on a infusé des prostaglandines E2 chez des migraineux, 75% ont eu des douleurs de type migraineuses. Par contre, les omégas 3 ont un effet plutôt anti-inflammatoire et antalgique. Il est reconnu que la modification alimentaire des apports de ces graisses contribue à mieux gérer la douleur. Une étude randomisée de 2013 a évalué un groupe de personnes souffrant de céphalées chroniques de type migraine. Une partie du groupe a augmenté sa consommation d’aliments riches en oméga 3 et réduit sa consommation d’huiles riches en oméga 6 pendant 3 mois, l’autre partie du groupe a seulement réduit sa consommation d’huiles riches en oméga 6. Dans les deux cas, on a observé une réduction marquée des céphalées, plus importante dans le groupe combinant diminution des oméga 6 et augmentation des oméga 3 (6).

 4ème suspect : les produits laitiers, vrai et faux suspect

Le lait apparaît comme un aliment parfait, il contient tous les acides aminés essentiels, il est riche en vitamines et minéraux et c’est une source relativement équilibrée de protéines, de graisses et de sucres.

Toutefois, il existe certaines conditions où sa consommation devrait être réduite. En premier lieu, dans le cas d’une intolérance au lactose (sucre du lait), la consommation de produits laitiers peut entrainer des fermentations intestinales désagréables mais également une inflammation de la muqueuse, source de divers problèmes de santé. Les produits laitiers fermentés comme certains yaourts ou fromages à pâte dure contiennent beaucoup moins de lactose et sont généralement mieux tolérés.

D’autre part, la caséine qui est une des protéines principales du lait, peut potentiellement causer des problèmes si elle n’est pas digérée complètement en acides aminés avant d’être absorbée dans le sang. En cas de perméabilité intestinale (leaky gut), la caséine peut pénétrer non digérée dans la circulation sanguine et être reconnue comme un corps étranger par notre système immunitaire pouvant provoquer une inflammation ou des réactions d’auto-immunité. Dans ce cas, il est essentiel de traiter les raisons qui altèrent la muqueuse intestinale (sensibilité ou intolérance au gluten ou au lactose). Dès lors, si l’on élimine les raisons qui altèrent la perméabilité de la paroi intestinale, la caséine souvent ne présente pas de problème particulier.

Concernant la migraine, bien que les produits laitiers soient un facteur déclenchant reconnu chez certains migraineux, les études scientifiques montrant une relation entre les produits laitiers et la migraine sont anecdotiques (7).

En pratique, comment aller vers une alimentation optimale ?

1.     Eliminer les aliments à base de farine avec gluten (blé, orge, seigle et froment) et les sucres ajoutés

C’est probablement l’étape la plus contraignante pour beaucoup de personnes. Toutefois, c’est celle qui a souvent l’impact le plus fort sur la santé et la migraine.

Si déjà on ne suivait que cette directive, on assisterait déjà à des changements positifs importants chez beaucoup de personnes.

Le plus souvent, les aliments à base de farine avec gluten et les sucres (sucre de canne, fructose, sirop de blé ou de maïs) représentent la source principale de calories dans notre modèle occidental. Ces aliments bien que majoritaires dans notre alimentation ne représentent qu’une source limitée de nutriments. Il faut se rappeler que l’être humain pendant des centaines de milliers d’années a vécu pratiquement sans sucres et sans céréales. Actuellement, dans le commerce, on trouve de plus en plus de céréales sans gluten (riz, maïs, sarrasin, quinoa, tapioca, millet, etc.). Bien que ces céréales soient mieux tolérées, elles représentent une source importante d’hydrates de carbone et dès lors, devraient être consommées avec modération. Il semble que plus les crises de migraine sont fréquentes et plus la réduction des sucres doit être importante. Dans certain cas grave, il est même conseillé de se diriger vers un régime cétogène.

2.     Eliminer les aliments transformés et préférer les aliments bruts de la nature

Préférer les aliments bruts et non transformés comme les légumes, les fruits, les viandes, les poissons, les céréales sans gluten modérément, les noix, etc…

Consommer suffisamment de protéines, les viandes doivent de préférence être bio afin d’éviter des résidus d’antibiotiques ou d’hormones.

La plupart des aliments transformés (crackers, charcuteries, barre d’énergie, snack, soda) contiennent de nombreux additifs telles que conservateurs, colorants, exhausteurs de goût, sels, sucres divers qui ne peuvent que perturber notre organisme et augmenter le seuil de faire une crise de migraine.

Les fruits doivent être mangés également avec modération, principalement les fruits très sucrés (bananes, pommes, raisins, poires, etc.) qui peuvent augmenter rapidement le taux de sucre dans notre sang, ce qui est déconseillé pour beaucoup de migraineux. Pour certains migraineux, manger un fruit sucré le ventre vide peut être un facteur déclenchant d’une crise, cela est identique pour les jus de fruit qui devraient être évités. Les fruits rouges apportent souvent moins de sucre et dès lors sont davantage conseillés.

3.     Cuisiner avec des bonnes huiles, éviter les huiles riche en oméga 6

Eviter les huiles végétales telles que les huiles de tournesol, maïs, sésame, arachide etc. Ces huiles s’oxydent facilement à la longue, sont peu stables et sont riches en oméga 6 pro inflammatoires ce qui risque d’entretenir un état inflammatoire systémique à bas bruit. Il est plus conseillé de cuisiner avec des graisses saturées qui restent stable à la cuisson telles que les graisses animales, le beurre, le ghee ou l’huile de coco. L’huile d’olive est une huile mono saturée qui peut parfaitement être utilisée à la cuisson toutefois il faut éviter de la faire fumer.

4.     Buver beaucoup d’eau

Buver préférentiellement de l’eau en bonne quantité pour rester bien hydraté. Consommer avec modération du thé ou du café qui ont tendance à déshydrater. Dans un premier temps, éviter l’alcool pendant quelques semaines. Quand la migraine est sous contrôle, on peut boire avec modération du vin. Eviter la bière qui est très sucrée et qui contient du gluten.

5.     Les produits laitiers selon tolérance

En cas d’allergie à la caséine ou d’intolérance au lactose, il est préférable d’éviter les produits laitiers. Toutefois, en cas d’intolérance au lactose, le beurre et les fromages à pâte dur sont tolérés. S’il n’y a pas d’intolérance ou d’allergie, la consommation de produits laitiers reste possible. Il faut préférer les produits entiers et éviter les produits écrémés qui sont plus riches en sucre.

6.     Consommer du lait de coco et de l’huile de coco

La présence de corps cétoniques (substances produites lors de la dégradation des graisses dans l’organisme) est connue pour traiter les crises d’épilepsies réfractaires (8,9) mais pourrait également offrir une protection additionnelle contre la migraine (10,11). Le mécanisme supposé pourrait être dû à la capacité des corps cétoniques à augmenter l’énergie des mitochondries (dont le rôle principal est d’assurer la respiration cellulaire et la mise en réserve de l’énergie par les cellules et le stockage de certaines substances) et de réduire l’inflammation du tissu cérébral.

Une façon de produire des corps cétoniques est d’avoir une alimentation très pauvre en sucres et en hydrates de carbone (régime cétogène). L’autre possibilité est de consommer des triglycérides à chaine moyenne (MCT) qui se trouvent en grande quantité dans la noix de coco. En effet, les MCT qui se trouvent dans la noix de coco se transforment dans le foie en corps cétoniques. Autant le lait de coco que l’huile de coco sont une excellente façon d’introduire des graisses génératrices de corps cétoniques dans votre alimentation.

Mmigraine-complément alimentaireigraine, quels compléments alimentaires ?

Récemment, une nouvelle théorie semble montrer que la migraine serait en partie due à une dysfonction de la mitochondrie. Il pourrait résulter de cette dysfonction, un certain stress oxydatif délétère pour notre cerveau. Dès lors, certains compléments soutenant la fonction des mitochondries seraient bénéfiques pour protéger nos mitochondries et secondairement traiter la migraine, ce qui est soutenu par de nombreuses publications scientifiques (20, 21).

Le Magnésium

La supplémentation en magnésium est souvent un des premier choix dans la prévention de la migraine. Certaines études ont clairement montré un lien entre la déficience en magnésium et l’augmentation des crises de migraine, particulièrement chez les femmes qui ont des migraines associées à leur cycle menstruel. Dans une étude en double aveugle de 2008, on a pu démontrer l’effet de prévention du magnésium à 600 mg/jour sur les crises de migraine, sans aura, autant sur la fréquence que la sévérité de la crise (12).

La dose minimale recommandée selon le National Institute of Health (13) est d’environ 400 mg de magnésium élément par jour.

Le Coenzyme Q10

Le Coenzyme Q10 est essentiel à la bonne santé de nos mitochondries. C’est un antioxydant que normalement, nous pouvons fabriquer dans notre foie. Cependant, dans certaines conditions, nous avons besoin de plus de Coenzyme Q10 (pilule contraceptive, statines, ménopause, etc.) pour que nos mitochondries fonctionnent de façon optimale.

Une étude de l’American Academy of Neurology (2004) a montré que la prise de Coenzyme Q10 pouvait stopper 50% des migraines (15).

Une autre étude de 2002 a montré que 61,3% des participants prenant du Coenzyme Q10 avaient une réduction d’au moins 50% des migraines (16). Il faut souvent attendre au moins 1 à 3 mois de traitement pour obtenir ces résultats. Le dosage conseillé est en moyenne de 150 mg par jour, ce dosage peut toutefois différer d’une personne à l’autre.

La Riboflavin (vitamine B2)

La Riboflavin est une vitamine nécessaire pour le bon fonctionnement de nos mitochondries. Elle donne de bons résultats sur la prévention de la migraine (17), toutefois associée au Coenzyme Q10, son action positive est amplifiée, comme le démontre une étude publiée en 2012 (18). La Riboflavin est une vitamine sûre et bien tolérée, elle peut entrainer une coloration des urines (jaune-orange) sans danger. Le dosage varie selon les experts, certains proposent 50mg 4 fois par jour, d’autres jusqu’à 200 mg 2 fois par jour. Chacun doit expérimenter la dose minimum qui est efficace pour lui.

Acetyl L-Carnitine

Il s’agit d’une forme activée d’une acide aminée qui est utilisée pour le transport des acides gras dans la mitochondrie. L’acetyl L-Carnitine permet à la mitochondrie de produire plus d’énergie. C’est un complément alimentaire conseillé dans la migraine en raison de sa capacité à améliorer la fonction de la mitochondrie. Certaines études montrent un effet positif dans la prise en charge de la migraine (19). La dose conseillée varie de 3 fois 500mg à 3 fois 1gr par jour.

Acide alpha lipoique

L’acide alpha lipoique est un puissant antioxydant qui passe la barrière du cerveau et protège nos précieuses mitochondries. Le département de recherche sur la céphalée du service de neurologie de l’université de Liège a testé l’acide alpha-lipoique sur 54 migraineux. Ils ont montré qu’à la dose de 600 mg par jour, l’acide alpha lipoique avait un effet préventif sur les crises de migraines (22).

Phytothérapie

La Pétasite (Petasites hybridus) est une plante utilisée de longue date pour traiter l’asthme et les allergies saisonnières. Plus récemment, divers essais cliniques montrent qu’elle est efficace dans la prévention de la migraine. Un composant actif de cette herbe, est la pétasin qui inhibe la production des leucotriènes (messagers de l’inflammation) et par conséquent réduit l’inflammation. Dans une étude randomisée publiée en 2004, on a étudié un extrait sec de pétasine (75 mg 2 fois par jour) chez 230 migraineux contre placebo. Ceux qui ont pris cette plante ont noté une diminution de 48% de leurs crises contre 26% dans le groupe placebo (23). Une autre étude de 2006 en évaluant le même dosage est arrivée aux mêmes conclusions sur l’efficacité de cette plante (24).

Une autre piste concerne un neurotransmetteur, la sérotonine (25). Une baisse de la sérotonine a été associée à divers désordres telles que la dépression, les troubles compulsifs alimentaires, l’intestin irritable et la migraine. En phytothérapie, une des stratégies dans la migraine est de prescrire des plantes ayant un effet sur la sérotonine, par exemple la Griffonia et la Grande Camomille. Les essais cliniques ne sont pas toujours concluants. Ces plantes méritent toutefois d’être essayées en présence de baisse de la sérotonine.

Par exemple, on peut prendre un extrait de plantes standardisées (EPS) mélangeant à part égal Griffonia et Grande Camomille 2 fois 5ml par jour. Une autre alternative est de prendre du 5HTP. Il faut toutefois rester prudent dans l’utilisation de ces plantes surtout si on prend des médicaments qui augmentent déjà la sérotonine telles que les antidépresseurs (SSRI) ou des médicaments contre la migraine (triptans). En effet, il existe un risque de développer un syndrome sérotoninergique qui peut être dangereux pour la santé.

La migraine menstruelle

Les hormones féminines (œstrogènes, progestérones) jouent un rôle important dans les migraines menstruelles. Nous savons qu’être une femme est un facteur de risque de souffrir de migraine. En effet, les femmes souffrent 2 à 3 fois plus de migraine que les hommes. Plusieurs études confirment qu’il existe une relation entre la fluctuation des hormones féminines et la migraine. Une chute brutale de la concentration des œstrogènes peut être un déclencheur de crise important chez les femmes souffrant de migraine.

Seulement 14% des femmes migraineuses présentent des migraines uniquement durant leurs règles (26), dans ce cas on parle de migraine menstruelle. Alors que 60 à 70% des femmes migraineuses peuvent avoir des migraines pendant, avant ou après les règles, dans ce cas on parle de migraines en relation avec les règles. Cette dernière catégorie la plus fréquente doit être traitée comme une migraine classique.

En médecine, l’approche préventive des migraines menstruelles consiste souvent de prescrire en phase prémenstruelle des anti-inflammatoires ou des Triptans.

On propose également d’appliquer par voie transdermique (sur la peau) des petites doses d’œstrogènes (1,5 mg appliqué 2 jours avant et 7 jours après les règles) afin de combattre la chute des œstrogènes avant les règles (27). Certains médecins proposent dans les cas sévères d’avoir une contraception continue toutefois avec les risques que cela comporte au long terme.

Comme approche alternative, nous avons encore et toujours le magnésium. En effet, le magnésium est une approche préventive reconnue de la migraine menstruelle. Une étude de 2002 a mis en évidence la présence fréquente d’une déficience en magnésium chez les femmes souffrant de migraine menstruelle (28). De plus, dans une étude en double aveugle, on a montré que la prise d’une dose de magnésium (360 mg) du 15ème jour jusqu’aux règles réduisait l’intensité et la durée des maux de tête (29).

Beaucoup de thérapeutes alternatifs prescrivent de la progestérone naturelle durant la deuxième partie du cycle. Il est difficile de trouver une explication scientifique à cette pratique. L’explication qu’il existe chez certaines femmes un déficit de progestérone par rapport aux œstrogènes durant la deuxième partie du cycle ne permet pas d’expliquer scientifiquement les migraines menstruelles. Toutefois, dans une étude de 2009, on a interrogé des femmes qui prenaient de la progestérone naturelle, un certain nombre de ces femmes affirmaient qu’elles avaient divers bénéfices tels qu’une diminution des migraines, des seins moins douloureux, une meilleure humeur, etc. (30). Toutefois, il est difficile de trouver une étude d’intervention favorable à la progestérone, la plupart des études médicales étant favorables à la prescription d’œstrogènes avant et durant les règles (31).

Peut-être que l’effet de la progestérone pourrait être expliqué par ces propriétés neuro-actives sur le cerveau. En effet, les hormones féminines agissent directement sur nos neurones. Les œstrogènes ont des propriétés excitatrices alors que la progestérone à plutôt une activité calmante, inhibitrice sur le système nerveux cérébral (32). Des études suggèrent que la progestérone agit comme une substance anxiolytique en stimulant les récepteurs GABA (messager chimique impliqué dans l’anxiété), cela pourrait aider dans les migraines menstruelles. Toutefois, d’autres publications insistent sur le rôle neuro-protecteur des œstrogènes dans la migraine. En effet, la baisse des œstrogènes entrainent un déclin dans la production d’énergie, augmente l’excitabilité neuronale, diminue la sérotonine et le système opioïde. Toutes ces conséquences ne font qu’amplifier le risque de migraine (33). Nous constatons que le sujet sur le rôle des hormones dans la migraine est sujet à débat et que les preuves scientifiques sont plus favorables à l’application d’œstrogènes avant et pendant les règles que l’usage de la progestérone.

Il faut toutefois garder en tête, que la majorité des migraines durant la période des règles sont des migraines normales dont les règles jouent un rôle aggravant. Dès lors, il ne faut pas oublier de respecter les autres facteurs déclenchant décrit ci-dessus.

Il ne faut pas oublier que le stress représente un élément souvent déterminant. Pour preuve une étude récente de 2014 qui a évalué chez des femmes migraineuses, l’impact des fluctuations hormonales et du niveau de stress. Les auteurs ont conclu que les crises de migraine étaient plus fréquentes lors de stress avec anxiété ou dépression et que la période prémenstruelle était une période où les niveaux de stress étaient plus importants (34).

En conclusion

La migraine est une maladie neurologique fréquente qui touche plus les femmes que les hommes. Il existe diverses théories cherchant à expliquer la migraine : atteinte vasculaire et nerveuse du système neuro-méningé, perturbations des mitochondries et modifications hormonales ou des neurotransmetteurs.

En pratique, on reconnaît le rôle déterminant de certains facteurs déclenchants alimentaires ou de l’environnement. La première étape est de respecter certaines règles d’hygiène comprenant un sommeil suffisant et une bonne gestion du stress et de reconnaître pour chacun les facteurs déclenchant avec l’aide d’un agenda.

Pour aller plus loin, il est conseillé d’adopter une alimentation plus naturelle de type ancestrale (qui correspond à ce que les premiers êtres humains mangeaient spontanément de façon naturelle) et de prendre des compléments alimentaires ou certaines plantes indiquées dans la migraine.

En cas de migraine purement menstruelle en plus du magnésium, on peut se tourner vers une hormonothérapie avec des hormones naturelles, bio identiques que ce soit de la progestérone ou des œstrogènes

Références

  1. « Migraine in metabolic syndrome » Guldiken B, Neurologist. 2009 Mar ; 15(2) :55-8
  2. «  Metabolic syndrome and prévention of migraine headache » Takeshima. Brain Nerve 2009 Oct ; 61 :1143-53
  3. « Celiac disease with neurologic manifestations in children » Diaconu G. Rev Med Chi Soc Med Nat Iasi 2013 Jan-Mars 117 : 88-94
  4. « Prevalence of migraine in patients with celiac disease and inflammatory bowel disease » Dimitrova AK. Headache 2013 Feb : 53 :344-55
  5. « The gluten syndrome : a neurological disease » Ford RP Med Hypotheses 2009 Dep 73 : 438-40
  6. « Targeted alteration of dietery n-3 and n-6 fatty acids for the treatment of chronic headaches : a randomized trial. » Ramsden CE. Pain 2013 :154 :2441-2451
  7. « Milk protein-free diet for non seasonal asthme and migraine in lactase deficient patients » Isr J Med Sci 1983 Sep ;19(9) :806-9
  8. « Medium-chain triglyceride ketogenic diet, an effective treatment for drug-resistant epilepsy and a comparison with other ketogenic diets. » Liu YM BIOMED J. 2013 Jan-Fev ;36(1) 9-15
  9. «  Marked Seizure Reduction after MCT Supplementation » Azzam R, Case Rep Neurol Med 2013:809151
  10. « Migraine improvement during short lasting ketogenesis: a proof-of-concept study » Di Lorenzo Eur J Neurol 2015 Janv ; 22 ;170-7
  11. « Ketogenic diet in migraine treatment: a brief but ancient history » Maggioni F, Cephalalgia 2011 Jul ;31 :1150-1
  12. « The effects of magnésium prophylaxis in migraine without aura » Koseoglu E. Magnes Res. 2008 jun L21)2 :101-8
  13. http://ods.od.nih.gov/factsheets/Magnesium-HealthProfessional/
  14. « A possible rôle for mitochondrial dysfonction in migraine » Stuart S. Mol Genet Genomics. 2012 Dec;287(11-12):837-44.
  15. American Academy of Neurology 2004 Annual Meeting, San Francisco, April 28, 2004, Astract S43.004
  16. « Open label trial of coenzyme Q10 as a migraine préventive » Rozen, Cephalalgia 2002, 22 (2) 137-141
  17. « High-dose riboflavin treatment is efficacious in migraine prophylaxis : an open study in a tertiary care center » Boehnke C. European Journal of Neurology 2004 ;11 :475-7
  18. « CoEnzyme Q10 and Riboflavin : the mitochondrial connection » MArkley HG Headache. 2012 Oct ;52 Suppl 2 :81-7
  19. « The effects of magnesium, L-carnitine, and concurrent magnesium-L-carnitine supplementation in migraine prophylaxis «  Tarighat Esfaniani. Biol Trace Elem Res. Dec ;150 :42-8
  20. « Oxidative stress and decreased thiol level in patients with migraine : cross sectional study » Eren Y. Acta Neurol Belg. 2015 Jan 17
  21. « Decreased antioxidant status in migraine patients with brain white matter hyperintensities «  Aytac B. Neurol Sci 2014 Dec ;35(12) :1925-9
  22. « A randomized, double-blind, placebo controlled trial of thioctic acid in migraine prophylaxis » Magis DI. Headache. 2007 :47 :52-57
  23. «  Petasites hybridus root is an effective préventive treatment for migraine » Lipton RB. Neurology 2004 Dec 28 ;63 (12) :2240-4
  24. « Effectiveness of Petasites hybridus préparations in the prophylaxis of migraine : a systemic review » Agostini R. Headache Center Hirslanden 8008 Zurich. Phytomedecine 2006
  25. «  The serotonin 5-HT7 receptors : two décades of research » Gellynck. Exp Brain Res 2013 Oct ;230 (4) :555-68
  26. «  Self reported menstrual migraine in the général population » Ventik KG. Pain 2010, 11 :87-92
  27. «  Transdermal hormonal therapy in perimenstrual migraine : why, when, how » Curr Pain Headache Rep 2012, 16 :467-473
  28. « Serum ionized magnésium levels and sérum ionized calcium/magnésium ratios in women with menstrual migraine » Headache 2002 Apr ; 42(4) :242-8
  29. «  Menstrual migraine : a review of prophylactic thérapies » Curr Pain Headache 2004 Rep 8 :229-237
  30. « Women Perspective on Progesterone : a qualitative Study Conducted in autralia » Int J Pharm Compd 2009 July-Aug ;13(4) :345-349
  31. « A novel specific prophylaxis for menstrual associated migraine » South Med J 2004 ;97 :819-822
  32. « Sex and the migraine brain » Borsook D. Neurobiol. Dis, 2014, Aug ; 68 :200-14
  33. « Neuroactive Properties of Reproductive Steroids » Andrews. Headache, 2007
  34. « Migraine : is it related to hormonal disturbances or stress ? » PArashar R. Int J. Womens Health, 2014 Oct 24 ;6 :921-5

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Matthieu
Matthieu
7 années il y a

Merci pour l’article très intéressant ! Je pense essayer la Coenzyme Q10.

Cependant, « Buver beaucoup d’eau » et « buver préférentiellement » m’ont un peu piqué les yeux…

Bonne journée !

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