BlogsLa digestion et l'intestin

Prendre soin de sa vésicule biliaire, indispensable pour notre santé.

Introduction

La médecine classique n’a pas de grande considération pour la vésicule biliaire. C’est lorsqu’elle se manifeste par des douleurs ou des calculs symptomatiques que le médecin pose son attention sur cet organe mal-aimé. La majorité des médecins pense que finalement pour régler le problème il suffit d’enlever cet organe. On estime que chaque année, un million d’Américains vont souffrir de calculs biliaires dont la moitié seront pris en charge par le traitement chirurgical standard : la cholécystectomie.  

Et pourtant, cet organe est de plus en plus nécessaire pour notre santé. En effet, ces dernières années, les approches nutritionnelles ont changé. L’ennemi n’est plus le gras, mais le sucre et les féculents. Les graisses ont été remises à l’honneur. Les bonnes graisses sont devenues indispensables pour la santé de notre cerveau, pour la production d’hormones, pour protéger le cœur et même pour réduire la surcharge pondérale. En effet, certaines bonnes graisses comme les omégas 3 et certains omégas 6 sont des précurseurs de molécules importantes (eicosanoides) pour notre santé aux effets multiples.  

La bile et son voyage du foie à l’intestin  

La bile est composée de sels biliaires, de lécithine, de cholestérol, de bicarbonates et de sodium. Le voyage de la bile débute dans le foie, celui-ci en effet recycle des molécules d’hémoglobine pour produire de la bilirubine, cette dernière est combinée avec du cholestérol afin de produire des sels biliaires. La production de la bile nécessite l’association avec deux acides aminés, la glycine et la taurine, ainsi que l’aide de vitamine C et de certaines vitamines B.  Par la suite, la bile est envoyée vers la vésicule biliaire qui est comme une petite poche flexible sous le foie. La bile se concentre et reste dans la vésicule jusqu’à ce qu’il soit nécessaire de digérer des graisses. 

Quand les aliments arrivent dans l’intestin grêle, le corps libère dans le sang une hormone appelée cholécystokinine (CCK), cette hormone envoie l’ordre à la vésicule biliaire de se contracter et de libérer la bile dans l’intestin grêle à travers le sphincter d’Oddi. 

Ainsi, la bile va se déverser dans le duodénum pour aider la digestion des graisses avec l’aide des enzymes pancréatiques et intestinaux. Après cela, les sels biliaires (en partie transformés par la flore intestinale) sont réabsorbés en grande partie par l’intestin et transportés de nouveau vers le foie pour être réutilisés, seulement une petite partie est éliminée dans les selles, on parle du cycle entéro-hépatique des sels biliaires.  Le microbiote favorisé par la consommation suffisante de fibres va être essentiel dans cette régulation (1).

Mieux comprendre le rôle et l’importance des sels biliaires

Nous savons que le foie synthétise et sécrète une bile composée de sels biliaires qui sont dit « primaires » puis dans l’intestin, par l’action de la flore intestinale, une grande partie est convertie en sels biliaires secondaires. Ces sels biliaires sont ensuite réabsorbés à travers l’iléon, dans le sang, puis retourne dans le foie et rejoint le pool biliaire. 

Les deux premiers sels biliaires (dit primaires) synthétisés par le foie à partir du cholestérol sont : l’acide cholique et l’acide chénodeoxycholique alors que les deux acides biliaires secondaires produits par l’action des bactéries intestinales sont : l’acide déoxycholique et l’acide litocholique.

Les sels biliaires primaires forment des micelles avec la lécithine et le cholestérol pour émulsionner les graisses alimentaires et permettre ainsi l’absorption des graisses.

Les sels biliaires secondaires influencent les récepteurs nucléaires. Il existe plusieurs récepteurs nucléaires pour les sels biliaires comme le FXR (farnesoid x receptor), le PXR (pregnane X receptor) ou le récepteur de la vitamine D etc..

Le FXR a une fonction importante de lien entre le foie et l’intestin afin de contrôler les niveaux d’acides biliaires et de réguler leur synthèse.  En régulant la production des acides biliaires, le FXR joue également un rôle dans la régulation du glucose, du métabolisme des graisses, de l’inflammation ainsi que dans la protection du foie. 

Certains auteurs estiment que les sels biliaires agissent comme de véritables hormones gérant leur propre synthèse, l’homéostasie du glucose et des lipides, la balance énergétique ainsi que l’inflammation.   Les acides biliaires jouent également un rôle dans la croissance des bactéries intestinales, en effet, à travers l’activation des récepteurs nucléaires, elles promeuvent également la formation de protéines antimicrobiennes en stimulant la production de cathelicidin.  

Le rapport entre les sels biliaires primaires ou secondaires dans l’intestin est important et dépend aussi de l’état du microbiote, en cas de fermentation, on peut avoir un excès de formation de sels biliaires secondaires (2). L’alimentation joue un rôle important puisque l’on sait par exemple qu’une diète riche en protéines et en graisses peut favoriser la formation de sels biliaires secondaires du fait de l’action négative sur le microbiote. Le problème c’est que les sels biliaires secondaires peuvent être carcinogènes, on sait par exemple que l’acide déoxycholique stimule la formation de l’enzyme Cox-2 qui augmente le risque de polypes dans le colon ainsi que le cancer colorectal (3). C’est pourquoi divers chercheurs se sont penchés sur l’utilité de prendre de l’aspirine ou des AINS afin de protéger du cancer du colon. De plus, certains antibiotiques en réduisant l’activité de fermentation de la flore intestinale peuvent représenter un intérêt protecteur contre le cancer. La Rifaximine, par exemple, est un antibiotique à tropisme intestinal qui est considéré comme un traitement prometteur contre le cancer du colon par son action sur le gène PXR (4). D’autre part la Rifaximine améliore également la réparation de la barrière intestinale lors de maladies inflammatoires de l’intestin. D’autre part, la berbérine a également un effet direct sur les acides biliaires, en augmentant les sels biliaires primaires et en diminuant les sels biliaires secondaires.

Les fonctions multiples de la bile et des sels biliaires

La bile a deux fonctions majeures. Premièrement, elle aide à digérer et absorber les graisses. En effet, la bile émulsionne les larges particules graisseuses en plus petites, afin que les enzymes pancréatiques et intestinaux puissent absorber les graisses. Sans bile, on a de la peine à absorber les graisses, mais également les acides gras omégas 3 vraiment important pour la santé, ainsi que les vitamines liposolubles. On sait par exemple que la vitamine A est importante pour l’immunité, la vitamine E pour la santé du cœur, la vitamine K2 pour l’os et la vitamine D pour l’immunité et le squelette.

Une deuxième fonction majeure de la bile, moins connue par la plupart des gens, est de servir comme fluide excrétoire afin d’éliminer les toxines de l’environnement et les métabolites de notre organisme (hémoglobine recyclée, excès de cholestérol ou hormones stéroïdiennes, etc.).  Ce qui est également important de comprendre pour notre santé, c’est que la conversion du cholestérol en sels biliaires est essentielle pour le maintien de l’homéostasie du cholestérol et pour prévenir l’accumulation de cholestérol et de toxines métaboliques. De plus la circulation aller-retour de la bile entre le foie et l’intestin (cycle entéro-hépatique) joue également un rôle important dans la régulation métabolique du cholestérol. Le microbiote  favorisé par la consommation suffisante de fibres va être essentiel dans cette régulation.

De plus, les sels biliaires jouent un rôle déterminant dans la consistance des selles, en effet certains sels biliaires, comme l’acide chenodeoxycholique et l’acide deoxycolique, augmentent la sécrétion d’eau depuis les vaisseaux intestinaux, en excès cela va favoriser la diarrhée alors que lors de manque de sels biliaires, on peut avoir une constipation fonctionnelle.

Pourquoi faisons-nous des calculs dans la vésicule biliaire

La vésicule biliaire peut devenir malade. Elle peut se congestionner, faire de la boue ou des calculs ou encore s’infecter. La présence fréquente de calculs de cholestérol peut provoquer des crises douloureuses de colite lors de la migration des calculs ou des surinfections, justifiant l’ablation chirurgicale de la vésicule.

Pour comprendre la formation de calculs, il faut savoir qu’il existe une triade déterminée par l’équilibre entre le pourcentage de cholestérol, de sels biliaires et des phospholipides.

Ces changements de saturation de la bile peuvent être dus à la conjonction d’un excès de cholestérol par le foie ou d’une réduction de la production des sels biliaires ou encore une diminution des phospholipides comme la lécithine. Cela va entraîner un épaississement et une stagnation de la bile. Cette bile stagnante est une condition importante de la formation d’un calcul de cholestérol d’autant plus que l’excès relatif de cholestérol va permettre un point de sursaturation, ce qui veut dire que le cholestérol n’arrive plus se dissoudre dans la bile.

En majorité, la plupart des calculs sont des précipités de cholestérol qui peuvent être dus à différents facteurs perturbant l’équilibre de la triade tels qu’une perte excessive de l’eau dans la vésicule biliaire, la bile ayant tendance alors à s’épaissir ou un excès de cholestérol ou encore dans le cas d’une diminution des sels biliaires et/ou de la lécithine, ce qui augmente la concentration relative de cholestérol etc..

Ce qui est important de comprendre, c’est que la présence d’un calcul dans la vésicule biliaire est un signal d’alarme important de notre état de santé. C’est un avertissement du risque d’avoir d’autres maladies chroniques. En effet, les problèmes métaboliques qui favorisent les calculs biliaires sont les mêmes qui mènent aux maladies cardiaques, au diabète ou à l’obésité, etc. (5,6).  De plus, les études médicales montrent que les dysfonctionnements du métabolisme des sels biliaires favorisent également des problèmes de dyslipidémie, diabète ou de stéatose hépatique (7). Encore plus inquiétant, une étude récente montre qu’une lithiase vésiculaire est associée à un risque augmenté de mortalité, toutes causes confondues ainsi qu’un risque augmenté de décès d’origine cardio-vasculaire (8). Nous allons comprendre que le point commun de tout cela est une alimentation inadéquate. 

Habituellement, le profil de l’individu souffrant d’une lithiase de la vésicule, c’est une femme de plus de 40 ans, souvent en surpoids qui est plutôt sédentaire, consommant facilement des glucides (sucres, farines raffinées). Elle peut se plaindre au début de sensation de plénitude ou de lourdeur de la partie supérieure de l’abdomen à droite. Elle peut également présenter des douleurs sous forme de colique suite à des repas riches en graisses. Elle peut aussi se plaindre de difficultés à digérer les graisses avec des nausées, elle peut également souffrir de migraines, de selles claires, signe qu’il n’y a pas assez de sels biliaires. Toutefois ce tableau classique a changé ces dernières années et des personnes de plus en plus jeunes (même moins de 20 ans) peuvent être concernées. Cela peut s’expliquer par l’augmentation chez les jeunes de facteurs favorisant tels que l’obésité, l’inactivité physique et l’insulino-résistance (9).

La vésicule biliaire nous parle de la qualité de notre alimentation

Notre alimentation occidentale riche en sucres, en farines raffinées, en graisses TRANS et en calories vides peut favoriser l’apparition d’un calcul dans la vésicule. Ci-dessous sont décrites les mauvaises habitudes alimentaires qui favorisent cela.

Les sucres, les féculents et céréales raffinées

C’est le modèle typique de la diète occidentale riche en hydrates de carbone, en sucres et farines raffinées. Ce type d’aliments à index glycémique élevé augmente rapidement la production d’insuline dans le sang afin de faire entrer dans les cellules tout ce sucre. L’insuline est une hormone de stockage qui convertit l’excès de glucose en graisse. De plus, les carbohydrates raffinés sont pauvres en micronutriments tels que la vitamine C, la B3, la taurine, la glycine ce qui ralentit la formation des sels biliaires. Ceci résulte en une augmentation de cholestérol dans votre bile et quand il y a sursaturation dans la bile, le risque de faire un calcul augmente.  

Les graisses TRANS

Actuellement, les études montrent que c’est l’excès de glucides qui rend les personnes grasses et non pas la consommation de graisses. Toutefois, il est important de faire attention à la qualité du gras que l’on absorbe. Il s’agit surtout des graisses Trans qui sont des graisses transformées par l’agro-alimentaire (viennoiseries, etc.) ou la conséquence d’une cuisson à haute température avec des huiles insaturées. Ces graisses favorisent la production de cholestérol par le foie.

Le manque d’acides gras essentiels

Les omégas 3 réduisent l’inflammation et aide à réduire le cholestérol total et à augmenter le bon cholestérol (HDL) qui sont les éboueurs de notre corps. Une méta-analyse récente a montré que le manque du bon cholestérol HDL était un facteur de risque de la formation de calculs dans la vésicule (10) 

Le manque de fibres

Les fibres alimentaires sont cruciales pour la santé de notre système digestif. Dans notre intestin, elles se lient à l’excès de bile et de cholestérol et aident à les éliminer à travers nos selles. Sans ces fibres, le cholestérol et la bile sont réabsorbés par la partie terminale de l’intestin grêle ce qui contribue à surcharger le foie. Les aliments qui sont riches en fibres comprennent les céréales complètes, les végétaux et les fruits, ces produits sont également plus riches en vitamines et minéraux.

La déshydratation

La déshydratation agit sur le processus de formation d’un calcul, si votre corps manque d’eau, la bile en sortant du foie va devenir légèrement plus épaisse que la normale. Des boissons comme le café, le thé, les sodas, les jus ne réduisent pas la déshydratation. L’effet diurétique du café et du thé noir ne font qu’accélérer les pertes d’eau. Il est important de boire 6 à 8 verres d’eau par jour afin d’éviter la déshydratation et aider à la production d’une bile normale.

Le manque de nutriments spécifiques

Pour maintenir une bile fluide, il est important pour le corps de transformer le cholestérol en sels biliaires. Cette conversion nécessite certains nutriments tels que la vitamine C, la B3, la taurine et la glycine. L’alimentation junk-food est horriblement déficitaire dans ces nutriments nécessaires pour produire une bile de bonne qualité.

L’intoléranceau gluten

Il existe une relation claire entre l’intolérance au gluten et la formation de calcul de cholestérol dans la vésicule biliaire. Les études ont montré un dysfonctionnement de la sécrétion intestinale de la CCK (cholécystokinine) et de la vidange de la vésicule biliaire lors de repas gras, chez les personnes souffrant de maladie coeliaque (11).

Comment prendre soin naturellement de la vésicule biliaire

La clé du traitement se trouve au niveau du foie et non pas au niveau de la vésicule biliaire. En effet, l’origine de la bile provient du foie et c’est sa composition anormale qui congestionne la vésicule, la rend moins performante et favorise même la formation de lithiase vésiculaire. Pour prendre soin de sa vésicule biliaire, il faut tenir compte de trois étapes. La première étape consiste à améliorer la composition de la bile du foie, la deuxième étape est d’aider la vésicule à se décongestionner et favoriser la dissolution d’éventuels calculs et la 3ème étape consiste à éviter la réabsorption des mauvaises graisses et du cholestérol par l’intestin (cycle entéro-hépatique).

·      Améliorer la qualité de sa bile

Améliorer la qualité de la bile est la clé du succès à long terme. Le premier ingrédient qu’il faut maîtriser est l’excès de cholestérol dans la bile. Toutefois, c’est rarement une bonne idée de réduire les apports de cholestérol alimentaire ou de prendre des statines. En effet, le cholestérol alimentaire impacte très peu sur notre taux de cholestérol sanguin, car la majorité de notre cholestérol est produit par notre foie et ne provient pas de notre alimentation. De plus, une production adéquate de cholestérol est essentielle pour notre organisme, pour protéger nos cellules, produire des hormones stéroïdiennes, de la vitamine D et faire suffisamment de bile. De plus, réduire la production de cholestérol par des statines ne nous aide pas. L’important est donc de suivre les recommandations nutritionnelles ci-dessous afin d’améliorer l’élimination naturelle du cholestérol par une bonne production de sels biliaires et un cycle entéro-hépatique performant. Voici les points à suivre pour revisiter positivement notre façon de manger :

  1. Éliminer les sucres et les hydrates de carbone raffinés (farine, pâtes, etc.) de son alimentation. Il faut se rappeler que l’excès de glucides se transforme en triglycérides et favorise le foie gras.
  2. Réduire les graisses TRANS (viennoiseries, pâtisseries, etc.) et les huiles oméga 6 pro-inflammatoires (huile de tournesol, de, mais ou de carthame) et consommer régulièrement des acides gras polyinsaturés omégas 3.
  3. Boire en suffisance (min. 6 verres d’eau/jour), car la déshydratation favorise les calculs biliaires
  4. Favoriser une alimentation végétale dense en micronutriments et surtout riche en fibres solubles et insolubles. Tabler sur des produits naturels, les moins transformés possibles. 
  5. Réduire l’inflammation systémique en éliminant des intolérances alimentaires éventuelles, ne pas oublier que l’intolérance au gluten favorise les calculs biliaires

·      Nettoyer en douceur sa vésicule biliaire

Dans cet article, il s’agit d’une prise en charge de fond qui va vous permettre d’améliorer la fonction de votre vésicule biliaire, de la décongestionner et éventuellement dissoudre des calculs biliaires d’une façon douce et naturelle. Pour cela, il faut en premier lieu améliorer l’état de votre bile par les recommandations alimentaires ci-dessus, et deuxièmement, utiliser les compléments et des plantes médicinales proposés ci-dessous.

·      Prévenir la réabsorption du cholestérol par l’intestin

Pour réguler l’élimination de l’excès de cholestérol, des métabolites hormonaux et des déchets toxiques, il est essentiel d’avoir un transit intestinal qui fonctionne bien. Pour cela la qualité de l’alimentation est importante, il faut éviter la junk-food et préférer une alimentation de type méditerranéenne riche en végétaux. Il est essentiel de combattre la constipation de façon efficace. En cas de symptômes de colon irritable (ballonnements, gaz, selles défaites, etc.), il est conseillé de rechercher et d’exclure les aliments fermentescibles mal digérés tels que le lactose, fructose, etc. (diète FODMAP). 

La consommation de fibres est probablement un des éléments le plus importants. Il existe des fibres solubles (prébiotiques) qui vont nourrir les bactéries amies de votre microbiote intestinal et des fibres insolubles qui améliorent le transit. Les fibres ont de nombreux avantages sur la santé. Elles stimulent les sécrétions de l’estomac, améliorent la satiété en augmentant le bol alimentaire, et aident à diluer les toxines dans les selles (aliments, métabolites). Les fibres solubles sont la nourriture privilégiée des bonnes bactéries. Elles réduisent le pic de glycémie et le taux de cholestérol (graines de lin). Attention, les fibres non solubles peuvent être contre-indiquées si l’intestin est trop enflammé, dans ce cas il est préférable de prendre des fibres solubles et des probiotiques.   

Comment traiter la boue et les calculs biliaires

Peut- on éliminer ou dissoudre des calculs de la vésicule de façon naturelle ? La réponse est positive. Plusieurs livres font l’éloge de méthodes rapides pour expulser en quelques jours des calculs biliaires. Il s’agit de procédures héroïques pour vidanger brutalement la vésicule biliaire en suivant une certaine diète. Ces procédures ne sont pas toujours sans risque, car selon la taille du calcul et l’épaississement de la paroi de la vésicule, on risque de provoquer une crise de colite pouvant être dangereuse. Avant d’envisager ce type de procédure, une échographie de la vésicule est recommandée. 

Dans cet article, nous allons parler d’une approche douce et progressive qui va permettre à votre état de santé de s’améliorer et à votre vésicule biliaire de retrouver une seconde jeunesse. Les conseils ci-dessous concernent des personnes symptomatiques ou qui ont une lithiase vésiculaire et qui désirent la dissoudre. Les personnes ayant de la difficulté à digérer les graisses ou qui ont une mauvaise absorption des graisses (vitamines liposolubles, oméga 3, etc.) peuvent également bénéficier de ces conseils. 

Conseils nutritionnels en cas de lithiase vésiculaire symptomatique

  • Manger des petits repas, fréquents surtout au début lorsque le canal est enflé jusqu’à ce que le corps refasse une bile de bonne qualité.
    • Au début, durant la phase de traitement, éviter les aliments gras pour ne pas trop solliciter la vidange de la vésicule
  • Éviter certains aliments connus pour être mal tolérés en phase symptomatique, à savoir les oignons, les œufs, le porc et les produits laitiers.
    • Manger des aliments spécifiques pour le foie et la vésicule tels que des légumes verts cuits à la vapeur (épinards, chardons, kale, artichaut, etc.) ainsi que des salades de dents de lion. La betterave rouge est importante pour le foie, à consommer coupée en morceaux et cuite à la vapeur, elle peut être utilisée dans des salades ou des céréales complètes. La racine de bardane est également très intéressante pour sa capacité de détoxification hépatique. Il est conseillé d’utiliser un de ces aliments à chaque repas. N’oubliez pas la consommation de jus de citron et de vinaigre de pomme qui améliorent la qualité de la bile.

Compléments alimentaires spécifiques

  • Vitamine C, 1gr par jour, elle aide à la formation de la bile
    • La lécithine (une cuillère à soupe/j), c’est un gras soluble dans l’eau. Dès lors il aide à émulsifier les graisses telles que le cholestérol. Lors de lithiase vésiculaire, la lécithine augmente la solubilité du cholestérol dans la bile, ce qui réduit la précipitation en calcul.
    • Les omégas 3. Ils diminuent la concentration de cholestérol dans la bile et réduisent la formation de calcul. De plus, ils ont un effet protecteur dans les maladies cardiaques et l’inflammation. Prendre 1 gr combinaison EPA/DHA
    • La taurine 500 mg. Cet acide aminé favorise la conversion du cholestérol en sels biliaires. Son apport permet d’augmenter la formation d’une bile de qualité et réguler le métabolisme du cholestérol (12).
    • La curcumine (en association avec la pipérine ou le gingembre) a de multiples propriétés. Au niveau hépatobiliaire, elle est cholagogue, cholérétique et carminative. Elle stimule la sécrétion de bile, émulsifie et réduit la formation de calcul. Une étude médicale de 2015 a démontré sa capacité à prévenir la formation de calcul malgré une alimentation lithogénique (13). Prendre entre 1gr et 1,5 gr par jour 2x par jour.

Phytothérapie

En guise d’avertissement, dans certaines conditions, les traitements de phytothérapie ne peuvent être utilisés sans un avis spécialisé, comme lors de la présence d’un calcul trop gros, de calculs de bile (90% des calculs sont du cholestérol, mais plus rarement peuvent se faire avec de la bilirubine, qui provient de la dégradation de l’hémoglobine), lors d’une grossesse, ou lorsque la vésicule est calcifiée, non fonctionnelle, ou présente une infection chronique.

Les plantes peuvent avoir diverses utilités pour le foie et la vésicule. Les plantes peuvent avoir une action cholérétique (augmente la production et la sécrétion de bile) et/ou cholagogue (augmente l’évacuation de la bile de la vésicule biliaire). Les deux propriétés augmentent le flux de bile, se rappeler que l’action cholérétique, c’est plus dans le foie et l’action cholagogue plus dans la vésicule biliaire. Au début, il vaut mieux prendre une herbe cholérétique lorsque la vésicule est trop congestionnée.

D’autres plantes peuvent avoir des propriétés complémentaires, ainsi les herbes amères aident le processus de digestion en stimulant la sécrétion d’enzymes du pancréas et de l’intestin. Par exemple, si vous mangez 10 minutes avant une salade amère, vous améliorez la digestion d’un repas lourd. Lors de douleurs, les plantes à action spasmolytique permettent de réduire les spasmes. Voici, ci-dessous, 8 plantes très utiles dans la prise en charge du foie et de la vésicule biliaire. Ces plantes peuvent être prises sous forme d’infusions, d’extraits secs ou de teinture mère. N’étant pas spécialiste dans ce domaine, je vous propose de vous renseigner avec votre pharmacien ou herboriste. Personnellement, pour des raisons pratiques, je privilégie souvent les teintures mères, donnant en général 3x 20 à 30 gouttes par jour.  

·      Berbéris Vulgaris (épine-vinette, berberine)

Elle est cholagogue et cholérétique et possède une action antimicrobienne combattant virus et parasites. Des études récentes ont confirmé son action bénéfique sur le foie et la vésicule biliaire lors d’inflammation ou de calculs (14,15).  

·      Boldo

Cholagogue et cholérétique, le boldo stimule la sécrétion de la bile en facilitant son évacuation jusqu’à l’intestin (16), le transit intestinal est ainsi amélioré. Elle est anti-inflammatoire et spécifique dans les calculs accompagnés de douleurs. 

·      Dent de lion

Fortement cholagogue, la racine de dent de lion aide à détoxifier le foie et a un effet diurétique. 

·      Racine de gentiane

C’est une plante amère tonique qui aide à la digestion et a des propriétés cholagogues, à penser si l’appétit est faible. 

·      Artichaut

C’est une plante amère qui améliore la digestion. Elle a un effet cholagogue et favorise la protection du foie par un effet anti-oxydant. À éviter au début lors de crise de colique.

·      Sylimarine ou chardon marie

Une des herbes les plus puissantes pour le foie, mais utile également lors de la présence de calculs, c’est une plante régénératrice du foie, aide à éliminer les dépôts de gras du foie. Se rappeler que le premier but pour traiter les calculs est de s’occuper du foie

·      Menthe poivrée

C’est une plante calmante. Elle marche dans l’anxiété et la peur. Elle est cholérétique et cholagogue, carminative et spasmolytique.  

·      Radis noir

Cholérétique et diurétique. Aide à traiter les troubles digestifs résultant d’une mauvaise circulation biliaire. Elle aide à traiter également l‘inflammation et l’hypersécrétion des voies respiratoires supérieures (rhume, sinusite).

Médicaments pour le traitement des calculs biliaires

·      L’acide ursodéoxycholique

Il s’agit d’un acide biliaire hydrophile qui permet de dissoudre les calculs biliaires en diminuant la saturation de la bile en cholestérol. Il a également un effet hépatoprotecteur et anti-inflammatoire (17,18).

·      Le Rowachol 

Ce produite est une combinaison de menthol et de terpènes qui a la capacité  de dissoudre ou d’expulser les calculs biliaires. Le Rowachol augmente la production de bile et détend les canaux biliaires réduisant ainsi les spasmes douloureux lors de calculs.  Son efficacité dans sa capacité à éliminer les calculs de la vésicule est modéré mais si on l’associe avec le De-Ursyl, les résultats sont nettement meilleurs. Une étude a montré en combinant ces 2 produits, une résolution de calculs de la vésicule biliaire dans 73% des cas (19).

La cholécystectomie, un acte pas si anodin

En Suisse, la lithiase vésiculaire est une affection fréquente qui touche 10 % de la population et 30 % vont subir une cholécystectomie. De plus en plus de personnes n’ont plus de vésicule biliaire, beaucoup pensent que leur problème est réglé, sans se rendre compte de l’importance de ce qu’ils ont perdu. Par exemple, sans vésicule, l’absorption des vitamines liposolubles et des acides gras polyinsaturés est moins performante avec les problèmes de santé que cela peut favoriser. 

Ces dernières années, de nombreuses publications médicales mettent en évidence certaines conséquences médicales après une cholécystectomie. Ainsi, après cette intervention chirurgicale, on note une augmentation de la circulation entéro-hépatique de la bile ce qui favorise un certain nombre d’effets métaboliques (20) et des risques significatifs de stéatose hépatique (foie gras) par engorgement du foie (21,22). De plus, lors de cholécystectomie, des reflux gastro-oesophagiens causés par des reflux de bile sont fréquemment observés avec le risque d’inflammation chronique de l’oesophage (23). D’autre part, l’apparition de diarrhées chroniques après cholécystectomie n’est pas rare. Ces diarrhées sont dues à la circulation augmentée des sels biliaires dans le colon (24,25 Dans une majorité de cas, elles peuvent régresser progressivement. Toutefois, il n’est pas rare qu’elles s’installent de façon chronique. En conclusion, cet acte chirurgical n’est pas anodin et peut avoir des conséquences à long terme sur la santé de la personne.  

En conclusion

Avec la lecture de cet article, vous avez compris pourquoi il est si important de chérir sa vésicule. Ce petit organe incompris et souvent sacrifié par la médecine est important pour tirer profit d’une alimentation saine, riche en bonnes graisses indispensables pour notre santé et notre beauté. 

De plus, vous avez compris que la qualité de notre bile joue un rôle primordial dans la régulation de notre cholestérol et l’élimination des toxines et déchets hormonaux.  Lorsque la vésicule est malade (congestion, calcul, boue biliaire), c’est un signal d’alarme que notre alimentation est inadéquate et que le risque de développer une maladie plus grave est augmenté. Il ne faut pas oublier l’importance d’une activité physique régulière  qui améliore également la fonction de la vésicule biliaire (26).

Vous avez la possibilité par une approche nutritionnelle et une activité physique régulière de guérir votre vésicule et de retrouver une fonction hépatobiliaire plus saine. C’est pourquoi lors d’inflammation ou de lithiase vésiculaire, des stratégies conservatrices devraient être essayées avant d’envisager une chirurgie. Et surtout ne croyez pas que le simple fait d’enlever cet organe (cholécystectomie) règle tous vos problèmes et qu’il n’y a pas un prix à payer.

Références :

  1. Wu T « Gut microbiota dysbiosis and bacterial community assembly associated with cholesterol gallstones in large scale study » BMC Genomics 2013 Oct 1 ;14 :669
  2. Jason M. Ridlon “Consequences of bile salt biotransformations by intestinal bacteria” Gut Microbia 2016;(7):22-39
  3. Wenxiaio Dong “Deoxycholic acid activates epidermal growth factor receptor and promotes intestinal carcinogenesis by ADAM17‐dependent ligand release” J Cell Mol Med 2018 Sep;22(9):4263-4273
  4. Yaqi Xing “ PXR: a center of transcriptional regulation in cancer” Acta Pharm Sin B 2020 Feb: 10(2):197-206
  5. Yu KJ « Gallstone disease is associated with arterial stiffness progression » Hypertens. Res. 2017 Jan ;40 :31-34
  6. Sang JH « Correlations between metabolic syndrome, serologic factors and gallstones » J PhysTherSci 2016 Aug ;28 : 2337-41
  7. Ciang JY « Bile acid metabolism and signaling » ComprPhysiol. 2013 Jul ;3(3) :1191-212
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Eric
Eric
2 années il y a

Très intéressant et pertinent

Mohammed
Mohammed
1 année il y a

Article très complet et bien documenté. Merci infiniment!

Claudia
Claudia
11 mois il y a

Bonjour,
Et savez-vous comment augmenter le taux de cholestérol (HDL bas principalement svp)? Est-ce vrai qu’un taux bas de cholestérol chez la femme par exemple est à risque de cancers notamment de la vésicule biliaire? (ou est-ce l’inverse si la vésicule souffre on digère mal les graisses et donc le taux n’est pas haut?) Merci !

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